Le mouvement Sortons le Québec du nucléaire (MSQN) demande que la reconstruction (ou réfection) de Gentilly-2 soit incluse dans l’enquête publique sur la construction actuellement en préparation.
Plusieurs arguments ont été avancés pour cette inclusion de Gentilly-2 dans l’enquête publique. Un premier argument repose sur la question de savoir si Hydro-Québec manque de rigueur professionnelle quand elle annonce publiquement que toutes les autorisations ont été obtenues pour la réfection de Gentilly-2, alors qu’elle n’aura pas soumis son Rapport d’analyse de sûreté à la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) avant décembre 2011. Ce rapport est normalement requis par la réglementation de la CCSN avant l’octroi d’une extension de licence d’opération et de réfection d’un réacteur nucléaire.
De plus, une telle enquête publique permettrait d’examiner les processus d’attributions de contrats pour les travaux de reconstruction de Gentilly-2 auprès de grande firmes d’ingénierie comme SNC-Lavalin. Rappelons que SNC-Lavalin s'est portée acquéreur d’une bonne partie des actifs d'Energie atomique du Canada limitée.
Un deuxième argument repose sur la question de savoir si la CCSN a également manqué de rigueur professionnelle en juin 2011 en accordant à Hydro-Québec un permis de réfection préliminaire avant même d’avoir en main le Rapport d’analyse de sûreté. Ce faisant, la CCSN ne relègue-t-elle pas au second plan la sûreté nucléaire en favorisant plutôt le prolongement du risque d’accident nucléaire au Québec pour 25 années de plus ?
Un troisième argument repose sur le fait que le rapport de la CCSN INFO-0823, daté de septembre 2011, révèle que plusieurs questions problématiques de sûreté des réacteurs CANDU ne seront pas résolues avant 2013. Donc, la CCSN n’a-t-elle pas manqué de rigueur professionnelle en accordant un permis préliminaire à Hydro-Québec sans savoir comment Hydro-Québec pourra, ou ne pourra pas, résoudre les problèmes de sûreté nucléaire du réacteur Gentilly-2 de type CANDU ?
Un quatrième argument en faveur d’une enquête est l’expérience des effondrements des viaducs sur le boulevard du Souvenir à Laval en juin 2000, sur le boulevard la Concorde à Laval en septembre 2006, et sur l’autoroute Ville-Marie dans le centre-ville de Montréal en juillet 2011. Une documentation exhaustive des deux premiers effondrements par des commissions d’enquête publique a mentionné maintes fois des manquements à la rigueur professionnelle de la part de personnes à l’emploi des firmes de génie-conseil, des firmes de construction et des ministères.
Force est de constater que des manquements à la rigueur professionnelle conduisent tôt ou tard à des situations impliquant des pertes de vie et des pertes économiques dont l’importance est grandissante au Québec. En juin 2009, l’agence de notation financière Moody’s avait d’ailleurs prévenu les compagnies d’électricité nord-américaines qu’elles risquaient une décote si elles faisaient de nouveaux investissements dans l’énergie nucléaire.
Une commission d’enquête pourra établir à quel point l’intérêt du public québécois, ou d’autres intérêts, seront bien servis ou mal servis par la réfection du réacteur nucléaire Gentilly-2, conçu il y a 40 ans. Le public a le droit de savoir.