La Via Campesina, le mouvement paysan international, accuse les principaux producteurs de carbone de manquer à leur responsabilité historique de réduire leurs émissions de gaz à effets de serre et de promouvoir de fausses solutions à la crise climatique. Ces solutions supposent que libre-marché résoudra la crise alors que la course effrénée au profit en est la cause.
La Plateforme de Durban à la CMNUCC [Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique] dans le cadre de la 17ème Conférence des Parties [COP17] organisée à Durban, permet aux pollueurs de continuer à polluer davantage tout en renforçant les mécanismes de marché supposés réduire le réchauffement.
La CMNUCC a déclaré que la Plateforme de Durban représentait une avancée dans la lutte contre le changement climatique. Pourtant, une analyse plus approfondie montre que les pays développés ne se sont pas engagés à réduire leurs émissions. Certains on parlé d'un succès arguant que la Plateforme de Durban avait sauvé le Protocole de Kyoto, mais en réalité, seuls les mécanismes de marchés du Protocole ont été sauvegardés. Il n'y a pas eu d'accord sur une seconde période d'engagements de la part des gouvernements, cette décision ayant été reportée à l'année prochaine. En attendant, les mécanismes de marché continueront à être appliqués malgré l'absence de décision sur les autres volets du Protocole. Le Fonds Vert pour le Climat, qui sera sous le contrôle de la Banque mondiale si les pays industrialisés se décident à l'alimenter, deviendra probablement une source de financement des fausses solutions dans les pays les plus affectés.
Le plus inquiétant à Durban fut l'ouverture des marchés de carbone à l'agriculture. L'agriculture qui jusqu'à présent était restée hors des négociations, fera désormais partie des prochaines discussions. Nous voyons en cette décision un premier pas vers l'inclusion de la production alimentaire dans les marchés du carbone. La prolifération d'événements parallèles sur une “agriculture intelligente pour le climat” soutenus par l´agro-industrie à Durban démontre la volonté des entreprises de l'agro-alimentaire d'exploiter ce nouveau filon. La Via Campesina dénonce énergiquement cette stratégie et relance son appel afin de maintenir l´agriculture hors du commerce du carbone. L'agriculture ne doit pas être traitée comme un simple puits de carbone et l'économie du carbone ne peut déterminer les politiques agricoles.
L'agriculture paysanne durable, promue et pratiquée par La Via Campesina et ses organisations membres partout dans le monde apparaît comme le meilleur moyen de lutter contre le réchauffement planétaire. Cette agriculture permet de nourrir les populations sainement tout en garantissant l'équilibre des écosystèmes. La logique même du commerce du carbone est incompatible avec l'agroécologie que nous défendons.
L'agriculture paysanne et la nature dans son ensemble traversent actuellement une crise sans précédent. Les effets du changement climatique se font sentir chaque jour davantage: perte de récoltes, destruction de la nature et des constructions, famines… L´avenir de l'humanité est en péril et si ces fausses solutions sont mises en application, nous avançons tout droit vers une catastrophe pour l'environnement, les générations futures et la planète dans son ensemble.
Plus que jamais, il est urgent de soutenir et les résolutions et les propositions de l´accord mondial des peuples déjà établi à Cochabamba.
Source: La Via Campesina