Rio+20 : Les solutions viennent de la société civile, selon Pierre Arcand

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Par Jessica Nadeau


Mots-clés : Pierre Arcand, Loi sur les pesticides, économie verte, leadership, lutte aux changements climatiques

 

Pierre Arcand.
Photo: Flickr

Après quelques jours à rencontrer des ministres, scientifiques et acteurs de la société civile des quatre coins de la planète, le ministre de l’Environnement du Québec, Pierre Arcand, dit croire encore aux négociations internationales pour régler les crises environnementales, sociales et économiques. Mais le vrai changement, estime-t-il, doit venir de la base.

« Ce ne sont pas les pays qui ont le leadership, ce sont les populations. Les solutions doivent venir du plus bas niveau. »

Il raconte l’exemple de la Loi sur les pesticides, issue de la lutte d’une dame de Hudson, la médecin et dermatologue June Irwin, qui a milité pendant des années contre leurs usages esthétiques, jusqu’à ce que le conseil municipal de sa municipalité adopte un règlement pour les interdire.

Le cas s’est rendu jusqu’en Cour suprême, qui a maintenu la décision du conseil municipal de les bannir de son territoire. Aujourd’hui, l’Ontario possède aussi une Loi qui encadre l’utilisation des pesticides et d’autres provinces canadiennes songent à s’y mettre, malgré la forte résistance de l’industrie chimique et des services d’aménagement paysager.

« En ce sens, je crois que toute cette question [des solutions aux problèmes environnementaux]ça part toujours de la société. Et cela monte vers les gouvernements municipaux, provinciaux et fédéraux. »

 

Sommet des peuples

Pierre Arcand estime que la participation de la société civile est essentielle dans la recherche de solutions durables. Par contre, il ne s’est pas rendu au Sommet des Peuples qui se déployait au Parque do Flamengo. Il faut dire que le site des activités de la partie citoyenne était situé à plus d’une heure de route du Riocentro, où se rassemblaient les chefs d’État et leur délégation officielle.

« Je n’y suis pas allé, avoue-t-il. Par contre, nous avons fait trois rencontres avec des membres de la société civile. Nous les avons réunis ici [à son hôtel de Copacabana] pour nous tenir informés de ce qui se passait au Sommet des Peuples. »

Ce qu’il retient de ces rencontres avec les nombreuses délégations québécoises à Rio? « Ça m’a conforté, répond-il. Lorsque l’on fait des politiques et que l’on voit que l’on frappe dans le mille, ça nous rassure sur les actions que l’on entreprend. Dans ce sens, ça a été très bon. »

Il y a eu pourtant eu des critiques, notamment sur l’économie verte, qui n’est pas une solution valable pour sauver la planète, selon des participants du Sommet des peuples.

« Lors de discussions avec les représentants de la société civile qui abordaient ce point, j’ai dit : écoutez, les économies vertes, c’est bon, ça permet de réduire les GES. Les gens me sont arrivés en disant que ça faisait partie du système capitaliste et tout ce qui vient avec ça. Alors là, on était rendu dans un autre débat de société, raconte-t-il en riant. J’ai fait : ok, correct. »

 

Des exemples à retenir

Sur le plan personnel, son moment fort de la semaine est sans contredit la conversation téléphonique qu’il a eue avec le négociateur du Canada, mardi soir dernier, où il a été mis au courant des articles qui allaient se retrouver dans l’entente finale.

« Pour le Québec, l’un des éléments majeurs était la reconnaissance du rôle des États fédérés dans la lutte aux changements climatiques. C’est partout dans le document. Dans ce sens-là, cela a été, pour moi, l’élément qui a été le plus important. »

Il dit avoir beaucoup appris au contact des ministres de l’Environnement des autres pays, qui vivent tous, plus ou moins, les mêmes problématiques.

« Ce type de rencontre nous permet de faire le point sur certaines mesures qui, dans certains cas, peuvent nous guider. Par exemple, au Québec, je dois établir d’ici les prochains trois ans une politique sur les milieux humides. Il existe déjà des politiques de ce type en Europe. Nous allons donc analyser cela. »

D’autres mesures appliquées par certains homologues l’ont intéressé, telles qu’une gestion plus « agressive » des eaux usées, des incitatifs aux citoyens pour changer leurs comportements et de nouvelles techniques de géothermie sur lesquelles il affirme vouloir s’informer davantage.

Somme toute, malgré le contexte politique difficile de Rio+20 – la majorité des grands pays sortent ou s’engagent dans des élections – la conférence a permis d’avancer, selon le ministre Arcand.

« Quelle que soit l’entente, et même si on trouve de façon générale qu’elle aurait pu être plus forte, le fait que des pays s’engagent, il va y avoir une pression sur les États pour faire plus et mieux », croit-il.

 

Source: GaïaPresse

 

GaïaPresse a pu envoyer la journaliste Jessica Nadeau à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable à Rio au Brésil grâce à un soutien financier du Gouvernement du Québec.

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