Québec solidaire déplore vivement que le gouvernement du Québec prête directement 58 millions $ pour aider Balcorp à relancer la mine d'amiante Jeffrey et exporter sa production vers des pays en développement.
« Il aurait été plus judicieux d'investir cet argent des contribuables québécois pour assurer la diversification de l'économie d'Asbestos et sortir les travailleurs et la communauté de la dépendance à l'industrie de l'amiante, a déclaré le docteur Amir Khadir, député de Québec solidaire. L'actuel projet ne prévoit que des miettes pour la diversification de l'économie de la région. Cette industrie est en déclin constant à l'échelle mondiale et n'a aucun avenir. À preuve, aucune institution financière n'a voulu prêter au promoteur et c'est le gouvernement libéral qui doit le faire. C'est un bien mauvais investissement pour le Québec. »
En mars dernier, Amir Khadir avait révélé que Balcorp éprouvait des difficultés à obtenir du financement auprès d'institutions financières, malgré une garantie de prêt consentie par le gouvernement du Québec. Il craignait alors que le gouvernement n'envisage un soutien plus direct à la relance.
Le projet de la mine Jeffrey est hautement controversé en raison des effets cancérigènes de l'amiante chrysotile. L'exposition aux fibres d'amiante cause le mésothéliome, un cancer qui attaque les poumons. Les victimes de ce cancer survivent en moyenne de 8 à 15 mois après le diagnostic. Le Dr. Khadir et de nombreux intervenants du milieu de la santé estiment qu'en appuyant le projet de Balcorp, le gouvernement cautionne l'exportation vers des pays pauvres de l'épidémie de maladies reliées à l'amiante que le Québec a connue dans le passé.
Pour répondre aux critiques, le gouvernement a demandé à Balcorp d'assurer que ses acheteurs indiens utilisent l'amiante de façon sécuritaire.
« Je le répète, cette idée que le gouvernement québécois puisse assurer l'utilisation sécuritaire de l'amiante en Inde est risible! lance M. Khadir. Ça fait bientôt 10 ans que le Québec a adopté sa "Politique d'utilisation accrue et sécuritaire de l'amiante ". D'importantes mesures de santé publique qui y sont prévues ne sont toujours pas implantées. Faire croire que l'on va protéger à distance 1,3 milliard d'Indiens est trompeur. »
Une décision opportuniste
« Il semble évident que cette décision annoncée en contexte pré-électoral est opportuniste et vise avant tout à favoriser les intérêts du Parti libéral, au détriment de la santé publique et d'une saine gestion des fonds publics », a lancé M. Khadir.
Rappelons que Baljit Chadha, qui dirige la société Balcorp, est un proche de Jean Charest. Le premier ministre a participé à un cocktail de financement organisé en août 2009 à la résidence privée de M. Chadha à Westmount. 19 000$ avaient alors été recueillis au bénéfice du Parti libéral.
Chronologie du projet
Août 2010 – Balcorp manifeste son intérêt à reprendre la mine Jeffrey.
Février 2011 – Le gouvernement met une condition à une éventuelle garantie de prêt : une inspection des usines indiennes afin de s'assurer que ses acheteurs indiens se servent bien de l'amiante de façon sécuritaire.
13 avril 2011 – Le gouvernement s'engage à garantir un prêt de 58 M$ à Balcorp si cette dernière trouve 25 M$ à investir dans le projet. Balcorp a jusqu'au 1er juillet pour compléter son montage financier.
1er juillet 2011 – Balcorp n'a toujours pas réuni le 25 M$. Le gouvernement repousse la date limite au 15 août.
15 août 2011 – Balcorp n'a toujours pas réuni le 25 M$. Le gouvernement repousse de nouveau la date limite, cette fois jusqu'au 1er octobre.
1er octobre 2011 – Balcorp prétends avoir réuni 25 M$ à l'aide de partenaires étrangers dans trois pays et présente son montage financier au gouvernement, sans que l'entente finale ne soit signée. Le gouvernement affirme vouloir procéder aux vérifications d'usage.
1er mars 2011 – Québec solidaire révèle que les institutions financières refusent d'accorder un prêt pour le projet
29 juin 2012 – Un prêt direct de 58 M$ sera accordé par le gouvernement du Québec.
Source: Gouvernement du Québec