Le 11 septembre 2012, les Innus de Nutashkuan bloquent la fin de la route 138 et le chantier de construction du pont de la rivière Natashquan. Leurs revendications : protéger la rivière et le saumon. Le litige concerne le plan actuel qui prévoit un pillier de soutien dans le milieu de la rivière. Le chef de la communauté demande un pont suspendu pour éviter de nuire à l’écosystème de la rivière. Nous appuyons la revendication du chef Rodrigue Wapistan de la communauté de Nutashkuan. Nous appuyons la poursuite du blocage de la 138 tant et aussi longtemps qu’une volonté de dialogue sincère ne sera pas mise de l’avant par le nouveau gouvernement du Québec. Les Innus offrent ici un test au Parti Québécois qui s’est dit ouvert aux premières nations du Québec.
La situation à Nutashkuan soulève une fois de plus, la question du type développement que nous voulons pour nos communautés. Nos régions, et particulièrement la Côte-Nord, subissent un développement chaotique, productiviste et capitaliste. Les communautés autochtones, les cayens, les pasbebiens, les septilois et les québécois en général sont baignés dans un discours néocolonial. Le présent ressemble à l’arrivée de Christophe Colomb où l’on distribua miroirs et eau de vie aux « indiens », aujourd’hui ce sont des pickups et de la cocaïne que l’on offre aux habitants, mais cette fois, sans distinction de culture. Piètres babioles à l’égard du pillage de nos ressources et du saccage de nos territoires. Cadeau et vision bien éphémères, si l’on pense aux rivières qui seront harnachées ou intoxiquées; aux territoires lunaires troués et légués par l’industrie et finalement au retour du chômage et de la morosité, faute d’autonomie communautaire. Vouloir protéger l’environnement est un voeu pieux s’il n’est pas suivi de gestes concrets. Les rivières font partie de nos richesses premières. Le temps n’est pas aux regrets mais à la résistance et à la solidarité. L’heure a sonné depuis longtemps pour la protection de notre habitat. À nous de l’alimenter au-delà des partis, des langues et des cultures.
Vouloir sauvegarder une rivière, protéger son alimentation et son gagne-pain ancestral ne sont-elles pas des revendications légitimes? Ensemble, semons pour récolter encore du saumon.
Source: Le pêcheur