LETTRE D'OPINION : Conflits d'intérêt à La Société Royale du Canada concernant les limites d'exposition aux radiofréquences

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Photo de Tina Phillips – Freedigitalphotos

 

À qui de droit à la Société royale du Canada,

Avec tout le respect dû à la Société royale du Canada pour sa réputation de professionnalisme et d'intégrité, nous sommes préoccupés par la constitution de votre groupe d'experts pour l'Examen du Code de sécurité 6 : Risques potentiels pour la santé humaine associés aux champs de radiofréquences par les dispositifs de télécommunication sans fil. Il y a au moins l'apparence d'un important potentiel de parti pris et/ou de conflit d'intérêt parmi certains de ses membres, et nous exhortons vivement la Société royale reprenne à zéro la constitution de ce groupe (même si cela signifie de refaire l'étude déjà entamée) uniquement avec des membres :              

(i) n’ayant d'aucun lien notable avec l'industrie des télécommunications sans fil, dans le passé ou le présent, dans leur vie personnelle ou professionnelle,  et (ii) qui ne sont pas déjà réputé avoir, ni d’un point de vue académique ni autrement, un point de vue précis sur l’idée que le Code de sécurité 6 de Santé Canada soit adéquat ou non, ou sur les effets potentiels sur la santé, ou l'absence de ceux-ci, des champs de radiofréquences émis par des appareils de télécommunication sans fil.

Il serait regrettable que l'impartialité de l'un de vos rapports soit remise en cause, ou que l'autorité et la réputation de la Société royale soient compromises de quelque façon, et nous sommes sûrs que vous serez d'accord que tout expert ayant de tels liens et/ou positions préalables doit être remplacé dans ce panel d'experts.

Bien qu'il soit juste et louable pour la Societé royale d'avoir, comme elle semble l'avoir fait, tenté de former ce panel en tenant compte de la diversité personnelle, professionnelle et géographique de ses membres, seuls des individus capables de faire un examen, dans le cadre de ce groupe d'experts, sans qu’il n’y ait de risque de parti pris concernant l'objet de cette étude, et sans aucune apparence de parti pris potentiel, devraient y participer, si l’objectif de ce groupe d’experts de la SRC est effectivement d’assurer qu’il apporte une contribution indépendante, exhaustive et factuelle au processus d’élaboration des politiques au Canada, selon ce que prône le site Web de la Société royale.

Sans vouloir mettre en doute la crédibilité de ces personnes en général, nous remettons néanmoins en question l’idée d’inclure dans ce groupe particulier, par exemple, le Dr Daniel Krewski, qui a été impliqué dans les études financées en partie par l’Association canadienne des télécommunications sans fil ; le Dr Louise Lemyre, un proche collaborateur du Dr Krewski, sa spécialisation en psychologie sociale semblant mal adaptée à l'étude des effets biologiques des radiations de radiofréquences ; et le Dr Kenneth Foster, sa position académique étant claire sur la base de sa critique récente d'un ensemble de livres publiés dans la revue du Institute of Electrical and Electronics Engineers, dans laquelle il exprime son scepticisme sur les effets  sanitaires nocifs des émissions de radiofréquences ; le Dr John Moulder, qui est censé d'avoir gagné des centaines de milliers de dollars grâce à sa contestation de l'existence d'effets néfastes sur la santé des CEMs, même ceux acceptés par la plupart des autres membres de la communauté de chercheurs dans les CEMs (voir Microwave News –http://microwavenews.com/RR.html) ; et enfin le Dr Frank Prato, qui a fait des déclarations publiques mettant en question la sagesse des mesures de précaution que pourraient prendre les pouvoirs publics à l’égard des effets potentiels sur la santé des émissions de radiofréquences et, de ce fait, ayant déjà une position déclarée publiquement sur cette question politique.

La question des effets sur la santé des émissions de radiofréquences et de l'utilisation d'appareils de communication sans fil est l'un des grands sujets de politique publique de l’heure, affectant, en raison de la prolifération généralisée des technologies sans fil, la santé de presque tous les Canadiens (et concernant aussi notre vulnérabilité au cancer et aux troubles neurologiques et cardiaques, et menaçant notre fertilité et l'intégrité de notre patrimoine génétique), touchant aussi la politique et la philosophie du principe de précaution dans les politiques publiques, la question de l'influence des entreprises privées dans les politiques publiques, et les coûts actuels et futurs des soins de santé pour tous les contribuables canadiens. Avant qu'une autorité supérieure et respectée telle que la Société royale du Canada ne donne son avis influant et sérieux sur des problèmes graves affectant le grand public, sans doute incombe-t-il à l'organisme de réunir à cette fin un groupe de scientifiques non seulement compétents et qualifiés en matière de recherche scientifique, mais aussi totalement neutres d'esprit dans le but de découvrir la vérité sur cette question et de formuler des recommandations fondées sur leurs conclusions honnêtes, non entachées de partialité ou de conflits d'intérêt, de risque de partialité ou de parti pris, voire même de la perception de ces mêmes choses. Toute autre démarche constituerait un très mauvais service rendu aux Canadiens, et une abdication de votre responsabilité sociétale dont les conséquences pourraient avoir de dangereuses répercussions pour les générations à venir. Nous faisons confiance à la Société royale de prendre au sérieux sa position morale, de prendre toutes les mesures appropriées pour maintenir l'intégrité de ce rapport du groupe d'experts et, ce faisant, de maintenir la confiance qu’elle s’est méritée jusqu’ici aux yeux des Canadiens.

 

Source: Lorraine Penner

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