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Le sondage a été réalisé par Internet, du 24 avril au 2 mai 2013, auprès des membres de l’Association des économistes québécois. Dans l’ensemble, 194 des 735 membres de l’Association rejoints par courriel ont répondu au sondage, ce qui confère aux résultats de l’étude une précision de ± 6,0%, et ce, 19 fois sur 20.
Selon Jean-Pierre Aubry, membre du Comité des politiques publiques de l’Association des économistes québécois, « la plupart des économistes qui ont répondu au sondage semblent penser que la demande pour les matières premières demeurera forte au cours des prochaines années en raison de la bonne performance des pays émergents ». Dans un tel contexte, il est tout à fait raisonnable d’espérer que le secteur minier contribue plus fortement à la croissance économique du Québec. Monsieur Aubry note également que, « pour la très grande majorité des répondants, il apparait très important que le gouvernement québécois joue un rôle actif pour stimuler et encadrer le développement des ressources mais il devra le faire avec jugement et doigté ».
Les ressources naturelles contribueront davantage à la croissance économique du Québec d’ici 10 ans
Une majorité d’économistes québécois sondés (60%) estiment que, compte tenu de ses effets en amont et en aval, le secteur des ressources naturelles aura une contribution grandissante sur le PIB du Québec d’ici les dix prochaines années. Cependant, le tiers d’entre eux (32%) croient que la contribution de ce secteur à la croissance économique demeurera stable et que 8% jugent qu’elle sera décroissante.
Étant donné l’importance accordée aux ressources naturelles pour le développement économique du Québec, 89% des économistes considèrent qu’il est important que l’État se dote de moyens appropriés visant à encadrer et à favoriser la contribution de ce secteur à la diversification de la structure économique de la province, tandis que 9% pensent l’opposé et 2% ne le savent pas.
Une majorité d’économistes québécois disent oui au pétrole albertain
Plus des trois quarts des répondants (78%) estiment que le gouvernement du Québec devrait envisager rapidement l’option de transporter du pétrole albertain vers la province, de sorte à favoriser l’indépendance énergétique du Québec.
Par contre, les économistes font davantage confiance aux entreprises privées pour relancer la pétrochimie québécoise : 68% estiment que la participation des gouvernements n’est pas nécessaire pour relancer cette industrie, contre 21% qui pensent qu’elle est nécessaire.
Le pétrole : une énergie qui est là pour rester
Les économistes interrogés estiment que le pétrole est une source d’énergie difficilement remplaçable : une nette majorité d’entre eux (82%) croient que cette ressource constituera 40 % ou plus du bilan énergétique du Québec d’ici 2020. En outre, plus des trois-quarts des répondants (76%) estiment à moins de 10% la part des véhicules électriques dans la vente de véhicules neufs au Québec en 2020.
Selon les participants au sondage, le prix du baril du pétrole brut continuera d’être élevé. Pour 71% d’entre eux, le prix du baril de pétrole se chiffrera entre 100 et 125 dollars (40%) ou à plus de 125 dollars (31%) en 2020, tandis que seulement 18% estiment qu’il sera en deçà de 100 dollars et 11% ne le savent pas.
À noter également que la plupart des économistes sondés pensent que le gouvernement du Québec devrait se doter d’une politique énergétique qui prévoit la production d’hydrocarbures (83% en faveur) et accorder une plus grande importance à la production de cette ressource énergétique plutôt que de s’en remettre uniquement à l’importation de pétrole étranger pour satisfaire les besoins grandissants de la population québécoise (60% en faveur).
Le boom minier va se poursuivre
La plupart des répondants sont d’avis que le boom minier va se poursuivre (70%) ou s’accélérer (2%), alors que 28% estiment qu’il est terminé.
De l’avis des économistes, les mesures adoptées par le gouvernement n’auront pas les effets escomptés quant aux redevances minières. En fait, six répondants sur dix (60%) estiment que ces mesures n’amèneront pas les entreprises minières à augmenter de façon sensible leurs redevances à l’État québécois, contre 18% qui pensent l’inverse. Il importe de noter qu’ils ont répondu au sondage avant que le gouvernement ne précise ses intentions touchant les redevances minières.
Aussi, la quasi-totalité des répondants (91%) croient que, en plus des redevances, l’État québécois devrait rechercher des moyens pour maximiser les retombées économiques du secteur minier au Québec. De plus, compte tenu du caractère cyclique de ce secteur, les deux tiers des économistes interrogés (66%) sont en faveur de l’implantation de mesures favorisant le maintien à long terme de l’exploration et des opérations minières. Selon eux, il faut en effet assurer de meilleures perspectives d’avenir pour les régions dont l’économie repose fortement sur ces activités.
En faveur du développement durable mais pas au détriment de la croissance économique
En matière de développement durable, 41% des économistes sondés pensent que le Québec devrait se donner des normes très élevées mais accepter des dérogations lorsque nécessaire pour la réalisation de certains projets très rentables pour l’économie québécoise. Une fraction moins nombreuse (29%) croit que le Québec devrait s’en tenir aux règles généralement appliquées dans le monde de façon à favoriser la croissance et la compétitivité de l’économie québécoise. Les autres répondants, soit moins du tiers (29%), estiment que le Québec devrait appliquer des normes très élevées afin de préserver la qualité de vie et la prospérité des générations à venir.
Les économistes sont divisés sur la question de l’achat d’entreprises canadiennes ou québécoises par des étrangers
Un peu plus de la moitié des économistes interrogées (51%) croient que les gouvernements ne devraient pas intervenir plus qu’ils ne le font déjà pour éviter que le contrôle des entreprises canadiennes ou québécoises, notamment dans le domaine des ressources naturelles, soit transféré à des intérêts étrangers. Toutefois, cette perception ne fait pas l’unanimité puisque 44% estiment qu’une plus grande intervention étatique s’impose pour éviter de telles acquisitions. De plus, une nette majorité (72%) estime que les gouvernements devraient imposer des restrictions supplémentaires quand les acheteurs sont des gouvernements étrangers.
Une vision plus pessimiste de l’économie québécoise à court terme
Malgré les perspectives de développement du secteur des ressources naturelles, un des leviers majeurs de l’économie québécoise, les économistes sondés sont plus pessimistes que l’hiver dernier quant à la croissance économique. En fait, la proportion de répondants qui estiment que la situation économique du Québec va se détériorer au cours des six prochains mois est passée de 13% en février dernier à 22% en avril 2013, retrouvant ainsi son niveau de novembre 2012. Notons néanmoins que plus des deux tiers des répondants (63%) croient que la situation économique de la province va se maintenir et 13% pensent qu’elle va s’améliorer.
POUR MIEUX CERNER LES ENJEUX ÉCONOMIQUES, SOCIAUX, RÉGIONAUX, ENVIRONNEMENTAUX DU DÉVELOPPEMENT DES RESSOURCES NATURELLES AU QUÉBEC
Le 38e congrès annuel de l’Association des économistes québécois aura pour thème « Nos ressources naturelles, notre économie, notre avenir ». Dans le cadre du programme du congrès, plus d’une vingtaine de spécialistes aborderont des dossiers de grande actualité: conjoncture internationale et cycle des ressources, tarification, participation étatique, emplois, développement régional, développement durable, distribution et production d’hydrocarbures, considérations financières, incidences sur les finances publiques, etc. Seront également présents comme conférencier d’honneur : M. Joe Oliver, ministre des Ressources naturelles du Canada, M. Nicolas Marceau, ministre des Finances et de l’Économie du Québec, Mme Martine Ouellet, ministre des Ressources naturelles du Québec, et M. Pierre Lassonde, président de Franco Nevada.
Le congrès aura lieu au Québec Hilton, les 22, 23 et 24 mai prochains. Il est ouvert au public moyennant inscription.
Source: Association des économistes québécois