Par Boualem Hadjouti
À Montréal, il existe 136 espèces d’abeilles pollinisatrices. Ce qui fait d’elle la ville la plus riche en la matière au Québec qui compte 350 espèces, selon l’entomologiste Étienne Normandin. Une étude qu’il a menée récemment sur le sujet, présentée à l’occasion de la Semaine des pollinisateurs, a permis de démontrer la nécessité de prendre en charge les abeilles en ville, qui rendent tellement de services à l’humanité. « La ville de Montréal est bien classée au Québec et au Canada en matière de diversité des espèces d’abeilles solitaires. Avec 136 sortes, nous dépassons Toronto et Vancouver ou deux études ont été menées sur le sujet », dit fièrement Étienne Normandin, qui a animé ce mardi une conférence sur la biodiversité des abeilles à Montréal. Cette conférence rentre dans le cadre de la série de séminaires 2012-2013 du Laboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB) de l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM. Le jeune chercheur a, à cet effet, présenté les résultats de son étude intitulée : « Nos abeilles sauvages en ville : Diversité insoupçonnée ». Cette étude, la troisième du genre au pays, a été menée sur 24 sites différents de la métropole. « J’ai choisi des jardins communautaires, des parcs et des cimetières parce que c’est là justement que l’on a remarqué une présence diversifiée des abeilles pollinisatrices », a expliqué l’orateur.
Abondance d’abeilles dans les cimetièresLa présence des abeilles diffère toutefois d’un site à l’autre, révèle l’étude. « J’ai pu remarquer que dans les cimetières, il y a une abondance d’espèces d’abeilles parce qu’on ne laboure pas le sol et qu’il y a énormément de place pour nicher, dit le chercheur. Dans les jardins communautaires, il y a certes de la diversité mais elle est limitée et surtout redondante. La présence des mêmes plants ne permet pas d’accueillir beaucoup d’espèces tout au long de l’année. Dans les parcs, il y a de la variance, surtout des nicheurs au sol, mais cela dépend de la grandeur de l’espace et aussi de l’entretien que l’on fait. Couper tout le temps les différentes plantes et les fleurs n’aide pas la diversification de l’espèce », explique le conférencier.
Tout le monde peut pratiquer l’apicultureÉtienne Normandin estime que les Montréalais ont un rôle à jouer en vue d’augmenter les espèces d’abeilles. Et d’expliquer les gestes que nous pouvons poser : « Nous avons de bonnes raisons de pratiquer, nous-mêmes, l’apiculture à travers quelques gestes simples. Augmenter la connectivité entre les sites d’accueil, diversifier nos plants de sorte à ce que la floraison ne soit pas limitée à une seule saison, enlever les clôtures qui entourent nos arbres, opter pour des plantes indigènes, mieux adaptées à notre climat et qui sont une bonne ressource pour les abeilles, aménager des nicheurs comme des bouts de bois par exemple ».
Quel rôle économique que peut jouer l’abeille« L’interdiction des pesticides en ville a beaucoup aidé à la protection des espèces, mais l’urbanisation grandissante pose un réel danger dans le sens où elle touche directement le milieu naturel des abeilles », croît le chercheur. « Toutefois, ajoute-t-il, la multiplication des espaces verts peut aider à renverser la vapeur ». De l’avis du conférencier, « nous avons tendance à croire que les abeilles ne sont bonnes que pour produire du miel. Or, elles rendent également un service pour la nature, le maintien de la biodiversité dans nos villes. Leur rôle économique est aussi démontré à travers des études aux États-Unis, où on a estimé la valeur de la pollinisation à 20 milliards de dollars et en Europe, avec un chiffre qui passe à 220 milliards d’Euros ».
Source: GaïaPresse |