Le Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal) et la Fondation David Suzuki dénoncent la décision municipale d’ouvrir la porte au développement immobilier dans le bois Angell situé sur son territoire. Cette précipitation, à quelques semaines des élections municipales, de se doter d’un plan particulier d’urbanisme (PPU) autorisant la construction dans ce milieu naturel est inacceptable.
Le Bois Angell s'étend sur quelque 105 hectares entre les autoroutes 20 et 40, au nord-ouest de la ville de Beaconsfield. Il fait partie de l'Écoterritoire de la rivière à l'Orme. Considéré par la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) comme un boisé d’intérêt métropolitain et inscrit comme tel dans son Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD), ce bois a déjà bénéficié d’une protection partielle en 2007 sur environ 25% de sa superficie. Les quelque 75% restant comprennent aussi des milieux naturels à protéger dont une grande zone marécageuse, une érablière et des friches arbustives.
Depuis trois ans, un contrôle intérimaire sur toute la superficie a gelé tout développement, ce que les propriétaires contestent. On peut se demander si durant tout ce temps-là des négociations ont été entreprises pour acquérir à des fins de parc ces milieux naturels. En tout cas, la CMM n’a semble-t-il pas de projet en ce sens qui lui a été déposé.
Selon Coralie Deny, directrice générale du CRE-Montréal, «en permettant ouvertement aujourd’hui le développement immobilier sur la totalité du territoire à travers quatre scénarios possibles, la ville de Beaconsfield lance un message très clair aux promoteurs : vous pouvez construire! Cela vient drôlement compliquer de potentielles négociations à des fins d’acquisition en plus de faire monter les enchères et rendre toute acquisition plus coûteuse».
Le règlement que veut adopter la ville de Beaconsfield comprend quatre scénarios dont l’un pourrait permettre le développement sur tout le territoire. « Cela n’a aucun sens de faire le jeu des promoteurs et de miser sur leur bon vouloir pour choisir le scénario le moins pire qui viserait le développement sur 20% des terrains et pour décider de protéger les 80% restants» a affirmé Mme Deny.
Pour Karel Mayrand, directeur de la Fondation David Suzuki, «Dans le contexte où l’île de Montréal peine à atteindre 6% d’aires protégées sur son territoire, et alors que le PMAD vise 17%, il est inconcevable de laisser disparaître ce milieu naturel qui devrait devenir un parc pour l’ensemble de la population. La protection du bois Angell est un test de crédibilité pour la CMM et le PMAD » a-t-il conclu.
Les deux organismes demandent à Beaconsfield de remettre après les élections municipales une telle réflexion et à l’agglomération de Montréal d’entamer de sérieuses négociations avec les propriétaires.
Source: CRE Montréal