Des élans de solidarité réprimés à la « CdP du charbon »

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Par Catherine Gauthier


Mots-clés : solidarité, Philippines, société civile, Haiyan, Yeb Sano, climat, Varsovie, Pologne, COP19

 

Crédit photo : 350.org

Alors que la conférence vient à peine de commencer, trois jeunes délégués ont été expulsés des négociations pour avoir exprimé leur solidarité avec la population des Philippines. L’archipel vient d’être balayé par le typhon Haiyan et aurait fait plus de 10 000 morts dans la seule ville de Tacloban, au centre des Philippines.

L’action de solidarité s’est déroulée lundi après-midi dans le hall principal où se tiennent les négociations, suite au discours rempli d’émotions du chef de la délégation philippine, Yeb Sano, lors de la plénière d’ouverture.

Lien vers le discours de Yeb Sano (en anglais seulement), ici.

 

Combien d’autres Haiyan faudra-t-il avant de passer à l’action ?

Plusieurs jeunes délégués tenaient une banderole sur laquelle on pouvait lire « How Many More? ». Les représentants de la jeunesse demandaient combien d’autres événements météorologiques extrêmes faudra-t-il avant de passer sérieusement à l’action.

Rapidement, les activistes ont été réprimés par les agents de sécurité de l’ONU qui leur ont retiré leurs badges d’accès à la conférence. Maria Escalante et Graham Hallett de l’organisation Earth in Brackets, ainsi que Clémence Hutin de Push Europe se sont dit révoltés par la réaction des organisateurs de la conférence.

 

La solidarité réprimée

« Dans la foulée de cette catastrophe tragique, il est surprenant que la [Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques] tente de faire taire les expressions de solidarité [traduction libre] », a déclaré Hutin. « On voit des logos d'entreprise partout ici… et un simple signe de solidarité

avec ceux qui sont touchés par les impacts des changements climatiques va à l’encontre des règles ? [traduction libre]» a questionné la représentante de Push Europe.
 

« Il est révoltant de ne pas pouvoir exprimer nos condoléances aux 10 000 victimes du super typhon Haiyan [traduction libre] », a déclaré Shenna Sanchez de la Federation of Young European Greens. « Dans ces négociations, c’est la survie de l'hémisphère Sud qui est en jeu », a poursuivi Sanchez. « La CdP19 devrait rendre lui rendre justice – avec plus d'ambition de la part des pays développés et des engagements suffisants pour financer les efforts requis. »

Crédit photo : 350.org

« Après une catastrophe aussi dévastatrice aux Philippines, il est absurde que ce sommet sur le climat soit le plus influencé par les entreprises dans l’histoire des CdP [traduction libre] », a déclaré Nathan Thanki d’Earth in Brackets. « Plusieurs des entreprises qui financent la CdP sont déterminées à faire en sorte que nous n’atteignons jamais un accord pour prévenir les pires de ces catastrophes dans le futur. [traduction libre] » En effet, la CdP19 est la première dont les commanditaires principaux œuvrent dans le secteur des combustibles fossiles (voir Le mouton noir polonais : http://www.gaiapresse.ca/nouvelles/le-mouton-noir-polonais-37606.html).

 

La CdP du charbon

La conférence est tant dominée par les entreprises fossiles qu’elle a été surnommée la « Coal COP », ou CdP du charbon ! Pendant ce temps, les seules expressions de solidarité ont été écartées de ce qui devrait être un processus démocratique.

« Il n’y a pas de place pour le charbon dans ces murs [traduction libre] », a affirmé Thanki. « Vous n’inviteriez pas l’industrie du tabac pour influencer une conférence sur la santé. C’est la même chose. Les industries sales prennent le dessus à cette CdP et menacent de virer la rencontre en farce – ajoutant à l’insulte de ceux qui souffrent aux Philippines. [traduction libre] »

Le discours de Yeb Sano a reçu une ovation, et la société civile a répondu en chœur « nous sommes avec vous [traduction libre] » du fond de la salle.

 

Des tensions palpables

Cette situation tendue entre la société civile et les organisateurs nous rappelle la conférence de Doha en 2012. Deux jeunes avaient été expulsés pour avoir tenu pacifiquement une bannière de trois mètres. Ils sont maintenant banni de toutes les activités de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques pour une période de 5 ans.

 

Source: GaïaPresse

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