Quelques jours avant le déversement de mazout à Sept-Îles, Cliffs natural ressources s’est attribué une mention de développement durable auprès de ses actionnaires. J’ai reçu la nouvelle comme une gifle au visage.
Je demeure dans la baie de Sept-Îles où s’est produit l’accident majeur. Le 6 septembre 2013. Je suis alors informé par les médias qu’un accident « mineur » vient de se produire. On annonce que 1000 litres de mazout de la compagnie Cliffs s’est déversés dans la baie. Les porte-paroles indiquent qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter; le mazout c’est comme de la mélasse, ça se ramasse sans problème. Euphémisme déplorable. 2 jours plus tard, on indique qu’il s’agit plutôt de 450 000 litres dont, au minimum 4500 litres dans la baie et le golfe. Je me suis rendu au quai multi-usager, tout près du déversement pour apprendre par les gardiens de sécurité présent que : le déversement est hors de contrôle, la compagnie responsable du nettoyage, SIMEC, l’a « échappé » et que les estacades déployées n’ont pu retenir la totalité du déversement; parti au large. Ensuite un employé sous couvert de l’anonymat révèle aux médias la négligence de la compagnie Cliffs à l’égard de l’événement déplorable. Quand aux sous-traitants chargés de la faune, Avifaune, on m’indique qu’ils concentrent plutôt leurs efforts dans une zone restreinte et qu’au-delà, il faut les contacter. Je dois donc ramasser les oiseaux morts, « les mettre dans une boîte en carton », selon leurs recommandations et leur téléphoner. En date du 30 octobre 2013, nous ne connaissons toujours pas l’ampleur exacte du déversement et encore moins les raisons et les manières pour éviter la reproduction d’un tel accident.
Cliffs s’est engagé à défrayer les coûts de l’accident, c'est-à-dire de payer Suncor, Shell, Ultramar et Imperial Oil propriétaires de la firme SIMEC et conseiller principal auprès du gouvernement provincial et fédéral pour le nettoyage. Alors qu’on dit que le pollueur doit être le payeur, on ne dit pas aux contribuables que l’argent retourne aux pollueurs. Étrange paradoxe. Cependant tout à fait logique dans une vision étroite capitaliste.
Lors de l’accident, je suis intervenu à plusieurs reprises pour limiter les dégâts. J’ai effectué des vigiles quotidiennes sur les berges pour ramasser les oiseaux morts. J’ai tenté du mieux que j’ai pu de m’assurer de la qualité du travail effectué par la compagnie spécialisée en déversement pétrolier, SIMEC et ses sous-traitants, payés par Cliffs.
Le travail que j’ai effectué dans le cadre du déversement ne relève pas du bénévolat ou du « bon citoyen », mais de la nécessité de protéger notre habitat suite à l’erreur évitable de mon voisin arrière : Cliffs.
Je demande donc reconnaissance de mon travail et dédommagement auprès de la compagnie de Cliffs. L’entreprise a une personnalité « civique » légalement, vous pouvez rester anonyme… du moins pour l’instant. Les citoyens doivent assumer au-delà du masque corporatif et être imputable de leurs actions au sens primaire du terme.
Si je gagne ma cause, je verserai l’argent au regroupement citoyen non-rémunéré : « Non à une marée noire ». Ce regroupement fut l’un des rares acteurs ayant interpellé et questionné les autorités avec rigueur; la municipalité étant absente du dossier, « faisant confiance au gouvernement provincial ». Fait à noter, le ministre de l’Environnement ne s’est même pas rendu sur les lieux du sinistre lors de sa première visite, faisant confiance à SIMEC.
En attendant une enquête publique, pour évaluer l’impact du déversement et éviter sa récidive, je demande donc que ma contribution et mon travail soient reconnus et dédommagés.
Source: Sébastien Bois, résidant de Sept-Îles