Par Eugénie Emond
Mots clefs : Coalition Saint-Laurent, exploration pétrolière, Golfe du Saint-Laurent, évaluation environnementale stratégique, Sylvain Archambault
Inoffensive, l’exploration pétrolière dans le Golfe du Saint-Laurent?Tout le contraire, selon le biologiste Sylvain Archambault, membre fondateur de la Coalition Saint-Laurent. Documentation à l’appui, le scientifique tente de remettre les pendules à l’heure sur la question de l’exploration et de l’exploitation des énergies fossiles dans le golfe du Saint-Laurent. Archambault a entrepris d’analyser différents scénarios en cas de déversement pétrolier en présence de glaces. Il a aussi fouillé différentes ententes territoriales ainsi que les lois fédérales et provinciales « paradoxales ». Il a tenté de déboulonner un mythe persistant : celui d’une prospection non dommageable pour l’environnement.
Des expéditions périlleuses«Souvent on entend les politiciens dire : on va aller voir, il n’y a pas de risques, c’est seulement de l’exploration», soulève Sylvain Archambault . Il corrige aussitôt : «C’est au moment de l’exploration en mer que les dangers sont les plus grands». Le biologiste en sait quelque chose : il a développé tout un champ de savoirs sur le sujet. Ce qui l’a amené à cofonder la Coalition Saint-Laurent, en 2010. L’organisme fait actuellement des pressions auprès des instances gouvernementales afin que soit maintenu le moratoire sur la recherche et l’extraction d’hydrocarbures dans l’estuaire du Saint-Laurent et la partie québécoise du golfe.
Les fonds marins, une variable inconnueC’est que la recherche d’énergies fossiles implique du forage dans des zones géologiques méconnues où des pressions et poches de gaz peuvent causer bien des dégâts. À titre d’exemple, l’un des plus grands déversements pétroliers, celui de l’entreprise BP survenu dans le golfe du Mexique en 2010, a été causé par l’explosion d’une plateforme de forage … exploratoire.
Une routine de perturbations«A chaque jour, il y a de petits déversements de routine sur les plateformes qui sont composés de boues de forage contaminées par du pétrole», explique le scientifique. Le tout sans compter les levées sismiques, des opérations essentielles pour localiser le meilleur endroit où forer. Des navires émettent ainsi des ondes sonores de plus de 250 décibels pour obtenir l’écho des fonds marins. De quoi perturber l’ouïe de bien des espèces aquatiques. Des affirmations qui sont d’ailleurs corroborées par le volumineux Rapport de l’évaluation environnementale stratégique (EES) sur les effets environnementaux, sociaux et économiques de l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures dans les bassins d’Anticosti, de Madeleine et de la baie des Chaleurs. Le document, publié en septembre 2013 et commandé par le gouvernement libéral en 2010 à la firme de génie-conseil Genivar, en conclut, entre autres, que « nos connaissances du milieu marin sont déficientes et que nous serions bien mal outillés pour faire face à un éventuel déversement ».
En attendant une consultation publiqueLe gouvernement péquiste évalue présentement le rapport Genivar. Par contre, il réitère malgré tout son désir d’aller de l’avant dans le sondage du golfe. Une volonté qui stimule l’ardeur de la Coalition Saint-Laurent qui ne cesse réclamer la tenue d’une consultation publique sur la question. En attendant, ses membres décortiquent l’information et départagent le vrai du faux, pour éviter que cette ruée vers l’or ne frise le péril environnemental. La conférence de Sylvain Archambault sera disponible en entier sous peu sur le site des AmiEs de la Terre de Québec : www.atquebec.org.
Source: GaïaPresse |