Par la Rédaction
L’enthousiasme de la première ministre Pauline Marois lors de l’annonce jeudi de l’implication du gouvernement du Québec dans l’industrie pétrolière, a soulevé la colère chez plusieurs experts et groupes environnementaux. Rappelons qu’à quelques jours du début des consultations sur le projet de loi 37, visant à imposer un moratoire sur l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent, la chef du Parti Québécois a officialisé un investissement de 115 millions $ pour l’exploration pétrolière sur l’île d’Anticosti. Dans une volonté politique de réduction de la dépendance du Québec vis à vis du pétrole étranger, une entente entre Ressources Québec (RQ), Pétrolia, Corridor Resources et Maurel & Prom, ainsi que d’une entente de principe entre RQ et Junex ont été signées pour la réalisation, dès l’été 2014, de programmes d’exploration. Ces programmes auront pour but de confirmer le potentiel pétrolier de l’île d’Anticosti. « Les partenariats que nous annonçons aujourd’hui, qui couvrent la quasi-totalité des permis de toute l’île d’Anticosti, nous permettront de savoir une fois pour toutes s’il y a du pétrole sur cette île du Saint-Laurent. » a déclaré Pauline Marois.
Des environnementalistes révoltésÉquiterre, la Fondation David Suzuki et le Regroupement national des Conseil régionaux de l'environnement (RNCREQ) estiment que le gouvernement du Québec fait fausse route en allant de l'avant dès maintenant avec l'exploration pétrolière sur l'Ile d'Anticosti. « Cette décision va nuire, sinon sérieusement compromettre la capacité de la province d'atteindre les objectifs de réduction de GES qu'elle s'est fixés pour 2020. Le gouvernement a deux vitesses dans le dossier des hydrocarbures : vite pour l'exploitation et lent pour la réduction des GES » a déclaré Steven Guilbeault, directeur principal d'Équiterre. Charles Latimer, responsable de la campagne Océans chez Greenpeace, a rappelé le paradoxe de l’annonce de l’exploration à Anticosti qui a eu lieu le même jour que l’inauguration de la plus grande centrale solaire au monde en Californie. « On oblige notre société à prendre ce virage. Ces 115 millions de dollars, c’est de l’argent qui ne pourra pas être investis dans des énergies renouvelables », a déploré M. Latimer. Catherine Huard, vice-présidente de la Fondation Rivière a également exprimé son inquiétude. « Le gouvernement doit prendre toutes les précautions nécessaires. On espère que sa participation va permettre d'assurer un encadrement de qualité des gestes posés », a-t-elle précisé.
Un écosystème menacéLes conséquences des méthodes d’extraction des gaz et pétrole de schiste par fracturation sont connues pour leurs impacts majeurs sur l’environnement. L’île d’Anticosti, que l’on surnomme la "Perle du St-Laurent" pour la splendeur de ses paysages, abrite une faune et une flore terrestres et aquatiques diversifiées dont plusieurs espèces menacées. Ses récifs font partie des dix zones d'importance écologique majeure du golfe. L’Ile abrite aussi en son cœur un parc national réputé et recherché par les touristes étrangers. Les écologistes et de nombreux scientifiques craignent des déversements en milieu marin qui frapperaient un écosystème élargi s’étendant jusqu'aux provinces de l'Atlantique. La vie sur l’île et dans le golfe St-Laurent est en jeu: contamination de nappes phréatiques, perturbation des systèmes biologiques regroupant algues marines, plancton, invertébrés microscopiques, crustacés, tortues, poissons, oiseaux, mammifères marins et terrestres; altération de la qualité de l’eau douce et salée; ainsi que de la géologie unique de l’île comportant des fossiles vieux de 450 millions d'années. Par principe de précaution, plusieurs groupes environnementaux ont lancé une pétition qui a déjà atteint presque 30 000 signataires, exigeant un moratoire immédiat pour éviter des dommages environnementaux irréversibles.
Source: GaïaPresse |