Photo de Sanao – Wikipedia commons |
Selon un nouveau rapport, l’essentiel des 1,1 million de barils de brut transportés chaque jour par l’Oléoduc Énergie Est serait exporté non raffiné. Ce rapport, intitulé L’Oléoduc Énergie Est de TransCanada : Un projet voué à l’exportation qui n’apporte rien à l’économie nationale, confirme que les raffineries de l’est du Canada ne traiteraient qu’une faible proportion du brut d’Énergie Est. Celles-ci s’approvisionnent déjà à deux sources nord-américaines et une troisième viendra bientôt s’y ajouter.
« TransCanada dupe les Canadiens avec ce dangereux projet. Il apparaît clairement qu’Énergie Est sera principalement un pipeline d’exportation. Les Canadiens auraient à composer avec les risques posés par le pipeline, mais n’en tireraient que peu d’avantages », affirme Adam Scott de l’organisme Environmental Defence. « Le projet Énergie Est viendra gonfler les bénéfices d’une seule entreprise, mais menacera des milliers de Canadiens avec ses risques de déversements. »
Le rapport montre que, mises ensemble, les raffineries situées sur le parcours de l’Oléoduc Énergie Est ont une capacité de traitement de 672 000 barils de brut par jour. Une grande partie de ces besoins sont déjà comblés par le pétrole en provenance du Canada atlantique et des États-Unis. De plus, la canalisation 9 d’Enbridge viendra bientôt s’ajouter à ces sources d’approvisionnement.
« Le projet Énergie Est représente l’ultime tentative pour acheminer les sables bitumineux albertains sur les marchés internationaux, ce qui signifierait une augmentation des profits, mais n’aiderait en rien les Canadiens », d’après Andrea Harden du Conseil des Canadiens. « Le seul pétrole qu’on risque de voir au Canada, c’est celui qui s’échappera des fuites… Il s’agit là d’une préoccupation majeure, car le pipeline doit traverser de nombreuses et importantes sources d’approvisionnement en eau potable. »
On peut également lire dans le rapport que les infrastructures décrites par TransCanada sont révélatrices des objectifs d’exportation du projet. TransCanada envisage la construction de terminaux d’exportation à Gros-Cacouna, au Québec, ainsi qu’à Saint John, au Nouveau-Brunswick. Des discussions sont aussi en cours pour de telles installations en Nouvelle-Écosse. Des trois terminaux potentiels, un seul, celui de Saint John, est situé à proximité d’une raffinerie, ce qui démontre l’objectif de l’Oléoduc Énergie Est : exporter le pétrole plutôt que de le raffiner.
« On ment aux citoyens des Maritimes. L’Oléoduc Énergie Est ne créera pas d’emploi ni de prospérité dans la région. Ce projet mettra des emplois en péril en raison de la menace qu’il fera planer sur la baie de Fundy. Il transformera la région en terminal d’exportation plutôt qu’en centre d’investissement local et de croissance économique », déclare Catherine Abreu du cercle de réflexion Ecology Action Centre.
Étant donné que la plus importante portion du pipeline se trouverait au Québec, les Québécois devraient assumer un grand risque. Mais que gagneraient-ils en retour?
« Profitant de l’élection provinciale en cours au Québec, nous demandons à tous les partis de s'engager à mener une étude d’impact environnemental ainsi que des audiences publiques sur le projet Énergie Est », a lancé Steven Guilbeault d’Équiterre.
Le rapport se fonde sur de l’information rendue publique par TransCanada ainsi que sur d’autres renseignements émanant de l’industrie, de rapports gouvernementaux et de documents légaux. Les groupes ayant contribué à la production du rapport sont : Environmental Defence, Ecology Action Centre, Équiterre et le Conseil des Canadiens.
Source: Équiterre