Climat : les organisations autochtones défendent leurs droits

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Par Maxime Lelièvre
Étudiant au Baccalauréat à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke

 


 

 

 

Selon le rapport de 2007 du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la déforestation et la dégradation des forêts contribuent approximativement à 17 % des émissions de gaz à effet de serre (GES). Cela en fait la deuxième source en importance d’émissions de GES, après la combustion des combustibles fossiles.

 

Entre 2000 et 2010, ce sont 133 millions d’hectares de forêts par an qui ont disparu. C’est dans les pays en développement que l’on enregistre les plus fortes pertes nettes de forêts, notamment sur les continents sud-américain et africain. Pour faire face à cette situation inquiétante, les Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) ont élaboré et mis en œuvre le mécanisme REDD+, qui vise à limiter la coupe et encourager la gestion durable des forêts dans les pays en développement, et ce, en leur offrant des compensations financières versées par les pays développés.

 

Cette initiative, en plus d’avoir un effet réel sur la baisse des émissions de GES, assure, dans la plupart des cas, des retombées positives pour les populations autochtones et les communautés locales qui sont nombreuses à prendre part au processus du REDD+. Parmi ces gains, notons la création d’emplois, la protection et l’articulation de leurs droits et savoirs. Aussi, la rétribution financière liée à REDD+ assure aux communautés une source de revenus tout en leur permettant de prendre des décisions sur la gestion de leurs ressources.

 

Bien qu’il existe de réels bénéfices associés à l’implantation de projets REDD+, plusieurs inquiétudes et critiques ont néanmoins été adressées à l’égard de ce programme. Plusieurs peuples et organisations autochtones provenant d’Asie, mais également d’Afrique, d’Océanie et d’Amérique du Sud affirment d’ailleurs que certaines activités REDD+ réduisent leur accès et celui des communautés locales aux ressources forestières dont elles dépendent grandement.

 

 

Les droits théoriquement protégés par les garanties ou safeguards associées à REDD+ sont alors l’objet de violations. Des cas d’expropriations ont d’ailleurs été rapportés par l’organisation No REDD in Africa Network, qui attribue l’expulsion massive et la relocation forcée des Swenger Indigenous People au programme national REDD+ du gouvernement kenyan.

 

Cette non-reconnaissance et ce non-respect des droits des peuples autochtones peuvent s’expliquer par le fait que REDD+ ne fait que « noter » l’adoption par les Nations Unies la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones qui protègent ces droits. Cette problématique a donc entraîné une forte mobilisation des organisations représentant les peuples autochtones au sein de la CCNUCC.

 

À l’occasion de la prochaine Conférence des Parties (CdP20) qui se déroulera en décembre à Lima, les organisations autochtones tenteront d’influencer et de structurer l’issu des négociations relatives à REDD+. L’objectif ultime : la reconnaissance et le respect de leurs droits et savoirs qui s’articulent notamment par leur participation dans la prise de décision et la mise en œuvre d’activités REDD+ au niveau national.

 

Cette conférence de haut niveau pourrait bien être le tournant en ce qui a trait à la reconnaissance et le respect de leurs revendications puisque le gouvernement péruvien a récemment souligné son intention de faire de la CdP20 un moment décisif en ce qui a trait à la participation des populations autochtones dans les discussions et le processus de prise de décisions relatives aux changements climatiques.

 

Reste à valider si dans les faits, cette initiative amplifiera réellement la voix des organisations autochtones lors des négociations.

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