À la veille de la reprise potentielle des travaux de forages de TransCanada à Cacouna, les organismes Greenpeace, Nature Québec et Stop Oléoduc Capitale-Nationale, accompagnés du scientifique Pierre Béland, ont interpellé ce matin le gouvernement du Québec. Appuyés par plusieurs autres groupes environnementaux*, ils ont présenté les premiers résultats de la pétition « Sauvons nos bélugas » – initiée par Nature Québec – qui a recueilli plus de 32 000 signatures à ce jour et qui demande « d’interdire définitivement tous les travaux effectués dans l’habitat essentiel du béluga ».
L’activité s’est déroulée devant les bureaux du Premier ministre à Québec quatre jours après une manifestation qui a réuni plus de 2 500 personnes à Cacouna. La cérémonie haute en couleur s’est déroulée en présence d’un béluga gonflable grandeur nature et les résultats de la pétition ont été remis à un personnage à l’effigie du Premier ministre Couillard.
L’arrêt des travaux, un BAPE sur l’ensemble du projet et un droit de refus pour le Québec
« En plus de l’arrêt des travaux, les 6 066 Québécois signataires d'une lettre personnalisée adressée au Premier ministre demandent que le projet Énergie Est de TransCanada (pipeline et port pétrolier) soit soumis dans les plus brefs délais à un processus d’examen public sous l’égide du Bureau d’audiences publiques en environnement du Québec (BAPE). Ils veulent également que le Québec tienne tête à Ottawa et se donne le pouvoir de refuser le projet » a résumé Christian Simard, directeur de Nature Québec.
« Le ministre de l’Environnement David Heurtel a perdu beaucoup de crédibilité et a contribué par ses actions à induire la population en erreur », a déclaré Patrick Bonin de Greenpeace. « Face à la gestion chaotique du dossier, le Premier ministre Couillard doit intervenir et suspendre le certificat d’autorisation octroyé à TransCanada. Notre Premier ministre doit s’élever au-dessus de la mêlée et rappeler son ministre à l’ordre. Son rôle est de protéger les Québécois, les bélugas et leur environnement et non pas les profits d’une pétrolière ».
On se rappellera que le ministère a prétendu par voie de communiqué avoir autorisé le projet en se basant sur un avis scientifique, alors qu’un jugement de la Cour supérieure du Québec a révélé que les experts en mammifères marins des gouvernements provincial et fédéral n’ont pas émis d’avis. De plus, un communiqué du ministère a affirmé « qu’un seul aller-retour quotidien entre la plateforme et la rive sera autorisé » en vertu de son certificat d’autorisation, alors que dans les faits, la compagnie avait beaucoup plus de latitude. Malgré cela, TransCanada s’est retrouvée en manquement tel qu’annoncé par le ministère vendredi dernier. La compagnie a aussi largement sous-évalué la portée du bruit de ses travaux qui ont eu un impact direct sur les bélugas. Le niveau de bruit subaquatique des forages a atteint 120 décibels dans un rayon de près de 3 kilomètres alors que TransCanada s’était engagée à respecter un niveau de moins de 120 décibels à 540 mètres de la source.
Selon Pierre Béland, « le ministre Heurtel a géré le dossier de manière épouvantable et continue d’exposer les bélugas à des risques dont il ne connait même pas l’ampleur. Les précautions élémentaires auraient commandé qu’il exige d’obtenir un avis scientifique de haut niveau avant d’autoriser des travaux dans la pouponnière des bélugas. Avis qui aurait été négatif selon toutes mes sources ».
« Cette pétition démontre que les citoyens sont préoccupés par le projet et qu’ils refusent que l’on compromette la survie des bélugas, a affirmé Marie-Eve Leclerc, du mouvement citoyen Stop Oléoduc Capitale-Nationale. Mme Leclerc tient à rappeler aux élus « qu’ils ont entre leurs mains l’avenir des bélugas, mais aussi l’avenir de nos enfants, la santé de la population et celle de notre environnement. Si le gouvernement autorise le projet d’oléoduc, il lègue un avenir empreint de risques environnementaux et climatiques. L’heure est à l’action pour lutter contre les changements climatiques, et non pas à se confiner dans les énergies fossiles ».
La pétition demeure ouverte tant que les travaux n’auront pas été arrêtés. Les gens sont invités à la signer au www.sauvonsnosbelugas.com
Source: Nature Québec