Par Catherine Gauthier
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À l’occasion de la journée internationale des droits humains se tenait un panel sur les enjeux éthiques dans le contexte des changements climatiques. Jusqu’à présent, les droits humains n’ont pas occupé une grande place dans les négociations. Cependant, cette question devient de plus en plus proéminente alors que les impacts du réchauffement climatique se font sentir et compromettent plusieurs droits humains.
Les changements climatiques représentent aussi un enjeu éthique, car ils impliquent des dommages et des souffrances, combinés à une connaissance et à une capacité d’agir. Pour John Crowley de l’UNESCO, le défi principal est de passer des principes aux responsabilités. Toutefois, il est difficile d’attribuer des responsabilités individuelles en réponse aux conséquences climatiques.
Trois constats permettent de mieux comprendre les difficultés liées à la différenciation des responsabilités entre les parties. D’abord, il existe une différence entre l’obligation morale d’agir suite à un événement et l’obligation morale d’agir pour prévenir des conséquences néfastes dans le futur. Puis, l’impossibilité de définir un lien causal direct entre les émissions de gaz à effet de serre et les impacts du réchauffement climatique complique l’attribution des responsabilités. Enfin, il n’existe pas de compréhension commune de ces obligations.
Vers une reconnaissance des dimensions éthiques
Dans son cinquième rapport d’évaluation, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le GIEC, reconnaît « l’importance de la gouvernance, des dimensions éthiques, de l’équité, des jugements de valeurs, des évaluations économiques et de la diversité des perceptions et réponses aux risques et incertitudes. [je souligne]»
Selon la Dr. Renate Christ, secrétaire du GIEC, les changements climatiques rendent l’éradication de la pauvreté beaucoup plus difficile. En outre, elle ajoute que les risques et la perception de ceux-ci dépendent à la fois de notre situation géographique et de qui nous sommes. Par exemple, il y a des limites aux capacités d’adaptation d’un État insulaire, et chaque individu peut avoir un niveau de tolérance différent à la chaleur extrême.
L’économie écologique en réponse au néolibéralisme
Stuart Scott, secrétaire général adjoint de l’International Ecological Safety Collaborative Organization, a soulevé une question pertinente à l’audience : comment pourrait-on avoir un système économique qui nie les limites de la planète ? En alternative au néolibéralisme économique, Scott a repris la théorie de l’économie écologique (« ecological economics ») du Dr. Herman Daly, un économiste et environnementaliste américain. La théorie de l’économie écologique admet l’interdépendance des sociétés humaines et des écosystèmes, et reconnaît leur valeur et leur importance.
L’expérience collective au cœur de l’éthique
La panéliste indienne Gayatri Naraine du Brahma Kumaris Environment Initiative a pris la parole pour nous amener à se pencher sur les raisons qui expliquent pourquoi nous ne faisons pas ce que nous devrions faire pour le climat. Selon la panéliste, lorsque nous abordons les enjeux éthiques, nous réfléchissons à travers notre propre système de valeurs. Pour transcender cette vision, Naraine place l’expérience collective au cœur de l’éthique. Enfin, cette idée rejoint celle de Crowley pour qui il n’existe pas de communauté morale universelle.
Source: GaïaPresse