L’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique a pris connaissance de la synthèse des évaluations environnementales stratégiques (ÉES) sur les hydrocarbures discrètement rendues publiques récemment par le gouvernement du Québec.
« À la veille de la rencontre des premiers ministres des provinces et territoires canadiens sur le climat à Québec le 14 avril prochain, où Québec se présentera comme un leader de la lutte aux changements climatiques, il est très troublant de lire la synthèse des études environnementales stratégiques sur les hydrocarbures, relève Alain Brunel, directeur climat énergie de l’AQLPA. Tout se passe comme si Québec se préparait fébrilement à sauter à pieds joints dans les barils de pétrole made in Québec alors que tous les scientifiques indiquent qu’il faut en sortir au plus vite si on veut éviter de très grands dérèglements climatiques. »
« Nous n’avons toujours aucun plan pour nous libérer de la dépendance au pétrole mais le gouvernement dresse une table bien garnie pour l’exploitation du potentiel pétrolier et gazier québécois. Car plus choquant encore, ajoute Alain Brunel, la synthèse des ÉES remet sur le tapis l’intérêt de l’exploitation des gaz de schiste alors même que l’excellent et tout récent rapport du BAPE sur les enjeux liés à l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste dans les basses terres du Saint-Laurent a statué, en novembre dernier, que cette exploitation ne présentait pas d’avantages pour le Québec compte tenu de coûts importants sous-estimés. Il a notamment été démontré que tous les puits fuient ce n'est qu'une question de temps. Une inspection du ministère de l'environnement démontrait en 2011 que 19 des 31 puits fracturés récemment fuyaient. »
Selon les mots de la commission d’enquête du BAPE en page 438 :
« La commission d’enquête constate qu’avec un taux d’émissions fugitives de 3%, même avec un prix cible de gaz naturel permettant d’assurer la rentabilité des entreprises gazières, la valeur sociale nette de l’exploitation du gaz de schiste serait, à toutes fins utiles, nulle pour la société québécoise. »
«En pleine austérité, Québec finance dans le dernier budget 2015-2016 une déduction pour amortissement accéléré des biens utilisés dans le procédé de liquéfaction du gaz naturel et commande de nouvelles études pour étudier l’intérêt commercial de l’exploitation des gaz de schiste alors que tous les organismes internationaux disent que pour l'avenir du climat il faut cesser de subventionner les énergies fossiles et les laisser dans le sol !» s’exclame Alain Brunel.
« Un sondage publié hier par Réseau Action Climat montre que 71% des Québécois et 61% des Canadiens considèrent la protection du climat plus importante que les oléoducs ou les sables bitumineux, remarque André Bélisle, président de l’AQLPA. Les premiers ministres devront en prendre acte car il n’y a plus d’acceptation sociale pour les projets risqués, polluants et nocifs pour le climat. »
Source: AQLPA