Greenpeace appelle l’Agence de réglementation de l’énergie de l’Alberta (AER) à rouvrir l’enquête sur la mort de plus de 110 oiseaux des bassins de résidus des sables bitumineux de Canadian Natural Resources Ltée (CNRL) en novembre 2014. Pour appuyer sa demande, l’organisation environnementale révèle des documents et une vidéo des enquêteurs de l’AER, obtenus par Greenpeace en vertu de la Loi sur la liberté de l’information (FOI).
« La mort d’oiseaux dans les bassins de résidus des sables bitumineux représente une tache noire pour tous les Albertains qui méritent une meilleure politique en matière d’environnement de la part du gouvernement, affirme Keith Stewart, coordinateur de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace Canada. L’AER et les autorités de la province doivent expliquer la raison pour laquelle une enquête plus approfondie n’a pas été menée et pourquoi les lois de l’Alberta en matière de protection de l’environnement n’ont toujours pas été renforcées. »
Les documents obtenus par Greenpeace révèlent ce qui suit :
* 94 oiseaux ont été récupérés du bassin de résidus miniers Horizon de CNRL, mais plus de 400 autres oiseaux ont été aperçus dans le bassin rempli de pétrole et ont probablement trouvé la mort au contact des matières toxiques.
* L’un des dispositifs acoustiques de longue portée (menus d’un radar et servant à repousser les oiseaux en émettant des sons) était défaillant au moment de l’incident.
* Six semaines avant l’incident, CNRL a lancé une nouvelle installation de résidus fins mûrs équipée de projecteurs illuminant les bassins toxiques et attirant ainsi les oiseaux. CNRL a affirmé qu’aucune mesure supplémentaire n’a été prise pour remédier aux effets nocifs des éclairages.
* CNRL a retiré 25 des 100 dispositifs d’effarouchement d’oiseaux des bassins éclairés, où les premiers 22 oiseaux morts ont été retrouvés.
* Il n’y avait aucun dispositif d’effarouchement au centre du bassin Horizon, une mesure qui est pourtant utilisée par d’autres opérateurs.
* Deux semaines avant l’incident, CNRL a retiré une partie importante de son système d’effarouchement d’oiseaux (dont les barrages flottants servant à limiter la dispersion de la nappe de pétrole à travers le bassin de résidus et 25 canons). Une telle mesure ne doit cependant être prise qu’après le gel des bassins (généralement à partir du 15 novembre, selon Suncor).
« L’incident survenu chez CNRL souligne la nécessité pour l’Alberta de redoubler d’efforts pour réglementer les bassins de résidus », souligne Melissa Gorrie, avocate d’Ecojustice qui a envoyé une lettre à l’AER au nom de Greenpeace, appelant l’agence à revenir sur sa décision et à mener une enquête plus approfondie sur l’incident en vertu de l’Environmental Protection and Enhancement Act de l’Alberta. « Si l’AER souhaite jouer le rôle de leader international en matière de régulation, elle doit mener une enquête sérieuse sur l’incident et prendre les mesures nécessaires pour prévenir des incidents pareils à l’avenir. »
La lettre affirme que les nouveaux documents obtenus par Greenpeace Canada montrent que le système d’effarouchement d’oiseaux de CNRL était inadéquat, ce qui veut dire que CNRL ne devrait pas invoquer une défense de diligence raisonnable. La lettre souligne par ailleurs que les règles en vigueur sont inadaptées et appelle le gouvernement provincial à adopter des normes spécifiques et coercitives relatives aux systèmes d’effarouchement d’oiseaux des bassins de résidus des sables bitumineux dans la région, en se basant sur les meilleures données scientifiques disponibles.
Source: Greenpeace