L’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) a noté avec intérêt le premier pas du nouveau gouvernement albertain qui augmente sa taxation carbone des gaz à effet de serre (GES), ce qui induirait une réduction de 2% des GES de l’Alberta d’ici 2017. Bien que cette décision aille dans la bonne direction, les nouvelles mesures n’intègrent pas les véritables couts environnementaux associés à la production de pétrole bitumineux.
« L’augmentation du prix des émissions de dioxyde de carbone (CO2) ne change pas la nature d’un système basé sur la réduction du facteur d’intensité carbonique dans la production, ou de la quantité de CO2 par volume de pétrole produit. Le gouvernement renforce certes les objectifs de réduction de l’intensité carbonique mais ne fixe aucune limite à l’augmentation de la production. D’ici 2025, le doublement prévu par l’Association canadienne des producteurs pétroliers de l’extraction de pétrole bitumineux annulerait quasiment la réduction due à l’intensité carbonique. Cette mesure est donc insuffisante pour arrêter la course de notre système économique et énergétique vers l’abime», selon Alain Brunel, directeur climat énergie de l’AQLPA.
Le système albertain laisse trop d’émissions aller sans aucune taxation. Avec les nouvelles mesures le prix moyen de la tonne carbone passera de 2 à 6$. C’est un triplement qui apparait important au premier abord. Mais comme le niveau de départ est très bas, même après son triplement, le prix des émissions restera encore bien en deçà des estimations indépendantes du cout social réel du carbone qui s’échelonnent d’un minimum de 30 à plus de 100$ la tonne. Rappelons que le prix de la tonne de carbone de la dernière enchère de la bourse Québec-Californie s’est élevé à un prix médian de 15,27$CAN et que la taxe carbone de la Colombie Britannique est à 30$ la tonne.
Plus de 100 scientifiques renommés, dont un prix Nobel d’économie, ont conclu récemment qu’il fallait arrêter le développement des sables bitumineux si le Canada voulait diminuer ses émissions à la hauteur des exigences scientifiques pour sauvegarder le climat. « Dans la foulée de son premier petit pas vers la réduction de ses émissions de GES, le gouvernement albertain devrait s’inspirer des recommandations de ces scientifiques pour sa nouvelle politique en matière de lutte aux changements climatiques », conclut Alain Brunel.
Source: AQLPA