Un nouveau portail de données en libre accès, en cours d'élaboration par la FAO, utilisera l'imagerie par satellite pour aider les pays pauvres en eau au Proche-Orient et en Afrique du Nord à mieux gérer leurs ressources hydriques. Actuellement, tous les pays d'Afrique du Nord et du Proche-Orient souffrent de graves pénuries d'eau dont les conséquences se répercutent sur l'agriculture irriguée qui est le plus grand utilisateur d'eau dans ces régions. Et cette situation est appelée à s'aggraver car le changement climatique entraîne des sécheresses plus fréquentes et plus longues avec de graves répercussions sur la production alimentaire. Objectif de ce nouveau portail de données: collecter et analyser les informations par satellite pour améliorer la productivité des terres et de l'eau et renforcer la durabilité des systèmes agricoles. Toutes les informations seront disponibles pour les pays et utilisateurs qui en auront besoin. «Dans les régions pauvres en eau, les rapports sur la productivité de l'eau font défaut au niveau des pays mais les données que l'on obtiendra seront déterminantes pour la mise en place de systèmes agricoles durables dans les zones à ressources limitées», indique Jippe Hoogeveen, l'expert de la Division terre et eau de la FAO qui coordonne le projet. Les images de détection par satellite offrent aux gouvernements des informations quasiment en temps réel sur l'utilisation des ressources naturelles pour la croissance des plantes et la production alimentaire. Cela permet d'évaluer et d'améliorer plus efficacement et à un moindre coût les pratiques agricoles existantes, selon M. Hoogeveen. La FAO vient de présenter ce nouveau projet lors du démarrage des travaux de la conférence annuelle de la Semaine mondiale de l'eau à Stockholm, en Suède (23-28 août).
Evaluation des écarts de productivitéLes technologies de télédétection ont révolutionné les possibilités d'évaluation de la productivité des terres et de l'eau grâce à une plus grande capacité de couverture et de capture des données, mais de nombreux pays ne disposent toujours pas des compétences et des ressources nécessaires pour analyser et exploiter ces données. La nouvelle base de données sera développée selon trois axes: le niveau continental qui comprend l'ensemble de l'Afrique et du Proche-Orient, le niveau des pays et des bassins fluviaux et le niveau des périmètres d'irrigation. Ainsi, les experts pourront recouper les résultats de ces différents niveaux et émettre des recommandations appropriées pour obtenir des améliorations dans différents contextes. Le soutien technique de la FAO aidera les pays en ce qui concerne le suivi de la productivité des terres et de l'eau. Il permettra l'identification des lacunes en matière de productivité, et proposera des solutions pour réduire les écarts de productivité tout en contribuant à l'augmentation durable de la production agricole. «L'information et les technologies de communication de pointe joueront un rôle crucial dans tout ce travail», affirme M. Hoogeveen. «Les informations rendront plus autonomes les personnes qui en ont besoin, qu'il s'agisse de messages SMS destinés aux agriculteurs travaillant dans les zones pauvres en eau ou d'applications sophistiquées utilisées par les experts des pays pour évaluer les informations sur les niveaux des bassins versants». Etalé sur quatre ans, ce projet est financé par le gouvernement des Pays-Bas et mis en œuvre par la FAO en collaboration avec l'Institut UNESCO-IHE pour l'éducation sur l'eau et d'autres partenaires. Le développement de la base de données devrait débuter en octobre 2015.
Utilisation croissante de l'eau au niveau mondialGlobalement, la consommation en eau a plus que doublé par rapport au taux de croissance de la population durant la plus grande partie du siècle dernier et un nombre croissant de régions atteignent la limite en ce qui concerne la délivrance de services en eau fiables. Aujourd'hui, l'agriculture utilise 70 pour cent de tous les prélèvements d'eau douce dans le monde et jusqu'à 95 pour cent dans plusieurs pays en développement. La raréfaction de la ressource et la concurrence pour l'eau représentent des menaces majeures pour la sécurité alimentaire future et la réduction de la pauvreté, en particulier dans les zones rurales. Dans les régions semi-arides, un nombre croissant de ruraux pauvres considèrent que le droit d'accès à l'eau pour la production alimentaire, l'élevage et les usages domestiques est tout aussi important que l'accès aux soins de santé primaires et à l'éducation. En 2025, 1,8 milliard de personnes vivront dans des pays ou régions à forte pénurie d'eau et les deux tiers de la population mondiale pourraient connaître des conditions de «stress hydrique».
Stratégie, sensibilisation et objectifs de développement durableAu cours de la Semaine mondiale de l'eau, la FAO présentera également différentes initiatives régionales en matière de lutte contre les pénuries d'eau. L'Organisation dirige actuellement deux projets sur le suivi des progrès concernant les nouveaux objectifs de développement durable (ODD), notamment l'objectif numéro 6 relatif aux ressources en eau de la planète. «La surveillance de la productivité de l'eau permettra en définitive aux pays de rendre compte sur un objectif de développement durable, ce qui est d'une importance primordiale dans les régions pauvres en eau, mais aussi à l'échelle mondiale», selon Jean-Marc Faurès, fonctionnaire principal à la Division terre et eau de la FAO.
Source: FAO |
Une base de données en libre accès aidera les pays pauvres en eau à obtenir plus avec moins
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