La cible de réduction des gaz à effet de serre (GES) de 35 à 45 % sous le niveau de 1990 d’ici 2030 demeure imprécise et insuffisante, selon le
Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ), notamment parce que les émissions de GES au Québec sont sous-estimées, mais aussi parce que le gouvernement encourage par ailleurs des projets fortement émetteurs de GES. Le RVHQ enjoint plutôt le gouvernement à adopter une loi-cadre sur la politique climatique du Québec et à mettre en place un bureau GESclimat relevant du ministère du Conseil exécutif.
« Les inventaires des émissions de GES à l’échelle continentale sont sous-estimés de 50 %, voire
plus, parce que les gouvernements ne tiennent pas compte dans leurs bilans des puits
abandonnés ni des émanations dites géologiques, pas plus que des variations des bilans au
niveau du pergélisol, des tourbières, ni non plus des incertitudes sur ces bilans », indique le
chercheur-biophysicien Marc Brullemans, coordonnateur du RVHQ pour la région nord. De plus,
le gouvernement encourage le recours aux hydrocarbures, notamment en subventionnant les
programmes de conversion au gaz naturel, une ressource que Gaz Métro présente à tort comme
moins émettrice de GES. « Le gaz naturel est une fausse solution, explique Jacques Tétreault,
porte-parole du RVHQ. Du berceau au tombeau, son empreinte carbone est aussi dommageable
que celle du charbon et du mazout, notamment parce qu’il est composé en très grande partie
de méthane, un GES très puissant. Selon les scientifiques, le potentiel de réchauffement
planétaire du méthane fossile sur un horizon de 20 ans est 85 fois supérieur à celui du CO2,
« d’où l’importance de se passer du gaz naturel le plus rapidement possible », ajoute-t-il.
En ce qui a trait au système de plafonnement et d’échange (le SPEDE), le RVHQ se montre très
critique et recommande plutôt une taxation du carbone à la source. « Nous recommandons une
valeur du CO2 à 200 $ la tonne émise au lieu de 20 à 30 $ tel qu’actuellement préconisé par le
gouvernement, et de n’acheter qu’une part congrue de crédits sur le marché, s’il s’avère
impossible de faire autrement », indique Marc Brullemans.
Dans son mémoire1 déposé dans le cadre de la consultation sur la cible de réduction d’émissions
de gaz à effet de serre, outre ses revendications premières (interdiction de la fracturation au
Québec, refus de projets sous-tendant une hausse de l’exploitation, du transport ou de la
consommation d’hydrocarbures fossiles), le RVHQ émet plusieurs recommandations. Citons
notamment l’inclusion de cours sur les causes et les conséquences des changements climatiques
dans tous les profils de niveau secondaire et postsecondaire, de même que le soutien aux
énergies peu carbonées comme la géothermie et le solaire thermique.
Source : Regroupement vigilance hydrocarbures Québec
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