Un nouveau rapport rédigé par six organismes sans but lucratif, dont Environmental Defence, indique que la grande majorité des aliments en conserve vendus par des détaillants biens connus au pays contiennent du bisphénol A (BPA), lequel est associé à la perturbation des glandes endocriniennes, à l'hyperactivité, à des lacunes dans les comportements prosociaux chez l'enfant ainsi qu'à l'apparition des cancers du sein et de la prostate.
Environmental Defence, en collaboration avec le US Breast Cancer Fund, la campagne Campaign for Healthier Solutions, Clean Production Action, l'Ecology Centre et la campagne Mind the Store – Safer Chemicals, Healthy Families, a procédé à l'évaluation de 192 aliments en conserve vendus par quelques‑uns des plus grands détaillants en Amérique du Nord. Le rapport de cette étude, intitulé Buyers Beware: Toxic BPA & Regrettable Substitutes in the Linings of Canned Food, nous apprend que 67 % des conserves testées sont enduites d'une résine époxyde à base de BPA.
Des 21 aliments en conserve achetés auprès de trois des plus grands détaillants au Canada (Walmart, Loblaws et Sobeys), 18 contiennent un enduit à base de BPA. Parmi ces aliments, on retrouve des produits populaires comme les légumineuses, les légumes (fèves vertes et tomates), le bouillon de poulet et la sauce aux canneberges.
Une enquête nationale a révélé la présence de BPA dans l'organisme de 95 % des Canadiens. Selon les données scientifiques, ce sont les aliments contaminés au BPA par leur emballage, comme les boîtes de conserve en métal, qui sont une des causes principales de ce phénomène.
« Le fait que de nombreuses conserves contiennent des perturbateurs endocriniens comme le BPA laisse présumer que les Canadiens consomment de la nourriture contaminée par cette substance imitant les hormones humaines », a indiqué Maggie MacDonald, responsable du Programme Toxics chez Environmental Defence. « Il est très inquiétant de penser que les Canadiens qui dépendent beaucoup des aliments en conserve pour leur alimentation s'exposent continuellement à des substances qui pourraient leur occasionner de graves problèmes de santé ».
Le rapport souligne également que certaines marques choisissent des solutions de rechange dangereuses au BPA, comme le polychlorure de vinyle (PVC) et le polyester, et qu'aucun des détaillants canadiens à l'étude ne s'est donné comme objectif de bannir le BPA de l'emballage des produits de sa marque maison.
« Le consommateur ne devrait pas avoir à porter le fardeau de détecter les aliments exempts de BPA chaque fois qu'il met le pied dans l'allée des conserves », soutient Janet Nudelman, directrice des programmes et des politiques au Breast Cancer Fund. « Les grandes marques doivent éliminer le BPA de l'enduit intérieur de leurs boîtes de conserve et faire preuve d'une totale transparence quant à l'identité et à l'innocuité de leurs solutions de rechange au BPA. Les consommateurs méritent d'être protégés contre les effets toxiques de ce perturbateur endocrinien ou d'une exposition possible à des substituts tout aussi dangereux »
« Nous savons que quelques entreprises font actuellement des progrès dans l'élimination de BPA de leurs conserves, et qu'il existe des solutions de rechange sécuritaires à ce dangereux composé, comme les oléorésines », a ajouté Maggie MacDonald. « Nous demandons aux détaillants et aux distributeurs de produits alimentaires en conserve de s'engager publiquement à éliminer le BPA de leurs emballages et à mettre au point des politiques détaillées de remplacement du BPA dans des délais précis ».
Le gouvernement français a récemment interdit l'usage de BPA dans la fabrication de tout matériau en contact avec de la nourriture – en d'autres mots dans les matériaux d'emballage touchant directement les aliments. La Commission européenne prépare aussi une série de restrictions en ce sens. En 2010, le Canada a classé le BPA parmi les produits toxiques et en a interdit l'utilisation dans la fabrication des biberons et des gobelets pour bébés. Cependant, on en retrouve toujours dans d'autres produits, comme les boîtes de conserve.
« Il est temps pour le gouvernement fédéral de prendre les mesures qui s'imposent afin de protéger la population canadienne contre le BPA en éliminant sa présence dans les aliments en conserve », soutient Maggie MacDonald.
Pour télécharger le rapport Buyers Beware: Toxic BPA & Regrettable Substitutes in the Linings of Canned Food, rendez‑vous à environmentaldefence.ca/buyersbeware.