Selon les groupes citoyens et environnementaux, l’Office national de l’énergie (ONÉ) a manifesté son parti pris pour la réalisation du projet Énergie Est en déclarant aujourd’hui que la demande de TransCanada est « complète » et en démarrant le processus d’évaluation, alors que de nombreuses informations essentielles ne sont pas disponibles. Les groupes notent, entres autres, que la méthode de franchissement de la rivière des Outaouais est encore inconnue, que les analyses de risque de déversement pour les principales rivières du Québec n’ont toujours pas été réalisées et que la version française n’a toujours pas été consolidée et reconnue comme telle par l’ONÉ.
La traversée de la rivière des Outaouais, située en amont de Montréal, est considérée comme un élément crucial car un déversement important à cet endroit pourrait causer une crise majeure en privant la grande région de Montréal d’eau potable pendant des jours, voire des semaines. « De nombreux groupes citoyens et environnementaux ainsi que la Communauté métropolitaire de Montréal (CMM) et la communauté Mohawk de Kanesatake ont manifesté leurs inquiétudes quant au manque d’information sur la traversée de la rivière des Outaouais. Tous demandaient à l’ONÉ de ne pas considérer la demande comme étant complète tant que ces informations ne seraient pas connues. En faire fi, c’est un manque de respect flagrant envers les citoyens, leurs élus et les Premières Nations », affirme Anne-Céline Guyon, porte-parole du Mouvement Stop oléoduc.
De plus, la demande de TransCanada a été jugée complète sans que l’ONÉ n’ait vérifié la correspondance de la traduction francaise du document de quelque 38 000 pages, en dépit du fait que le Québec serait la province la plus affectée par ce pipeline. « Un dossier complet doit être un dossier bilingue accessible dans le dépôt officiel de l’ONÉ », ajoute Me Péloffy du Centre québécois du droit de l’environnement. Le CQDE conteste d’ailleurs devant la cour fédérale d’appel ce traitement inégal des francophones qui doivent s’en remettre au bon vouloir du promoteur.
Plus de la moitié des habitants du Québec, ainsi que 300 municipalités de la province, dont la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) qui représente 3,8 millions de personnes, s’opposent à Énergie Est. Hier, l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador a officiellement affiché son opposition au projet de transport du pétrole des sables bitumineux. « Le Premier ministre Trudeau a affirmé que le consentement des collectivités doit être une condition préalable à toute étude sérieuse du projet Énergie Est. Avec la croissance de l’opposition dans la province, cette condition semble de plus en plus difficile à remplir », déclare Carole Dupuis du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec. Et d’ajouter, « L’ONÉ souffrait déjà d’un grave déficit de crédibilité auprès des citoyens. En sautant des étapes cruciales d’un processus déjà cassé, il empire encore la situation et ce n’est pas en ajoutant quelques assemblées publiques qu’il pourra prétendre avoir tenu compte de l’acceptabilité sociale.»
« La majorité de la population et les Premières Nations du Québec ne veulent pas d’Énergie Est qui est une véritable bombe climatique et qui menace l’eau potable. Tout processus d'examen neutre et crédible montrerait qu’il n’y a pas d’acceptabilité sociale et que ce pipeline ne peut pas être construit. Malheureusement, on ne peut faire confiance à l’ONÉ qui reconfirme son biais favorable aux pétrolières en bulldozant le processus et en statuant que la demande de TransCanada est complète alors qu’elle contient des omissions majeures », conclut Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada.
Source : Greenpeace Canada