L’état de l’oléoduc Trans-Nord suscite des inquiétudes

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Les Citoyens au Courant (CaC) et des citoyens inquiets interpellent l’Office national de l’énergie (ONÉ) pour qu’il assure un suivi adéquat des pipelines sous sa juridiction. Cet appel fait suite à la découverte d’une section de l’oléoduc Ontario-Québec de la compagnie Pipelines Trans-Nord Inc. (PTNI) qui devrait être enfouie dans le sol, mais qui est exposée aux éléments extérieurs. C’est lors d'une randonnée dans un secteur boisé près du chemin St-Louis à St-Lazare que les résidents du secteur ont découvert la section de l'oléoduc qui est située dans un ravin où passe un ruisseau qui se jette dans la rivière des Outaouais cinq kilomètres plus loin. Visiblement au fil du temps, l'écoulement de l’eau a érodé le sol qui recouvrait l'oléoduc et l'a exposé, à l’insu de la  compagnie et de l’ONÉ.

Les citoyens sont inquiets des risques pour l’eau potable de la région de Montréal en cas de fuite ou de rupture de l’oléoduc. Ils rappellent que cet oléoduc est sensé être enfoui sous terre alors qu’il est actuellement exposé aux intempéries (gel, dégel, glace), crue et circulation de l’eau, oxydation, chute d’arbres dans le ravin, érosion du sol, etc. Ils se questionnent sur l’efficacité des inspections visuelles qui auraient du normalement être faites par la compagnie et ils interpellent l’ONÉ pour que la situation soit rapidement rectifiée.

Selon Luc Falardeau des CaC , « malgré le discours rassurant des exploitants d'oléoduc et de l’ONÉ en regard du suivi exercé, force est de constater qu’aucune patrouille terrestre n'a eu lieu dans ce secteur boisé de la municipalité de St-Lazare au cours des dernières années. Les déplacements de sol par érosion ou glissement de terrain sont pourtant une cause connue de bris d’oléoduc ». Rappelons que dans son plus récent rapport publié en janvier 2016 la Commissaire à l'environnement et au développement durable du Canada avait d'ailleurs relevé plusieurs lacunes dans la surveillance des pipelines au pays.

Plusieurs résidents de St-Lazare ainsi que les CaC sont préoccupés par ce qui semble être un manque de surveillance et d'entretien de ce vieil oléoduc datant de 1952 de la compagnie Trans-Nord qui traverse le territoire de la MRC Vaudreuil-Soulanges.  « Comment se fait-il, que dans le tout  premier boisé à proximité de la rivière des Outaouais une telle situation prévaut ? » se demande Sylvie Rozon une voisine du secteur où passe l'oléoduc. « Qu’en est-il alors des 850 km de l'oléoduc entre Montréal et Oakville, et jusqu'à Nanticoke en Ontario ? »

De plus, l'endroit à risque est à moins de 5 km de la rivière des Outaouais, la source en eau potable  de 3 millions de Québécois.

Selon Guy Coderre enseignant en traitement de l'eau, « il est tout à fait aberrant et inacceptable qu'un oléoduc de cette capacité transportant 27,5 millions de litres par jour de produits pétroliers à très haut risque pour la sécurité des approvisionnements en eau de la grande région métropolitaine de Montréal ne soit pas mieux surveillé ».   En cas de déversement d'hydrocarbures dans la rivière des Outaouais, 26 prises d'eau municipales seraient touchées en moins de 24 heures. Un tel déversement aurait des conséquences dramatiques pour la population qui se verrait privée d'eau potable. M. Coderre ajoute que « il n’y a aucune station de purification en mesure d'éliminer les hydrocarbures. En cas de déversement, les stations devront stopper la chaîne de traitement.  Les réserves municipales en eau potable ne sont que d'à peine 12 à 16 heures.  Dépassé ce délai, si la situation n'est pas revenue à la normale, la population et les services d'incendie seraient privés d'eau potable. »

Depuis 2008, le pipeline de Trans-Nord est responsable de 6 des 13 incidents liés à l'exploitation des pipelines au Québec. En 2010 seulement, deux déversements importants de ce pipeline sont survenus au Québec. L'un de 14 000 litres près des berges de la rivière des Prairies à Laval et l’autre à Montréal-Est, laissant échapper 1 500 litres de carburant d'avion.  En octobre de la même année l'ONÉ, en réponse à cinq déversements survenus en moins d'un an, totalisant 200 000 litres de carburant pour l'ensemble du pipeline, avait ordonné la réduction de la pression maximale autorisée en attendant que des correctifs soient réalisés.  Mais c'est en 2003 à Saint-Clet qu'a eu lieu le pire déversement de cet oléoduc au Québec, 25 000 litres de diesel s'étaient alors répandus dans un champ agricole et avaient contaminé le système de drainage.

Le pipeline Trans-Nord original a été construit en 1952. La section la plus critique pour 3 millions de personnes se trouve dans le secteur du lac des Deux-Montagnes.  Il transporte depuis Montréal vers Oakville en Ontario des produits pétroliers raffinés tels l'essence, le diesel, le carburant d'aviation et l'huile à chauffage.

 

Source : Les Citoyens au Courant (CaC) 

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