Pour conserver le monde en tant que monde, Pierre Madelin nous invite à une réflexion profonde sur le défi écologique de l’humanité
Comment s’émanciper de cette servitude volontaire où consommation et capitalisme riment avec destruction des conditions de vie sur Terre ? Aller au supermarché en voiture, changer d’iPhone tous les six mois, passer trois heures par jour devant un écran, cela fait pourtant partie du quotidien de la plupart de nos contemporains.
Pour l’humanité, la crise écologique mondiale constitue sans doute le plus grand défi à relever de son histoire. Même si cette crise ne menace pas sa survie en tant qu’espèce, elle risque d’exacerber les inégalités et les conflits sociaux, de renforcer la concentration des pouvoirs politiques et de détruire durablement les conditions nécessaires à l’épanouissement des êtres humains. Comment en sommes-nous arrivés là ? Que peut-on faire pour sortir de cette impasse? Comment réinventer une relation moins conflictuelle avec la Terre ?
En convoquant l’écologie politique, Pierre Madelin se livre à l’examen des possibilités « révolutionnaires » pour rompre avec « l’imaginaire de domination rationnelle du monde » qui nous a menés à oublier les limites de la planète. Cet imaginaire, lié à l’avènement de la science et de la philosophie modernes (Francis Bacon, René Descartes…) , a entrainé une subordination de la technique sur la nature, une métaphysique du progrès, un impératif decroissance et du développement, etc. Or, pour Pierre Madelin, « Nous étions persuadés de mener une guerre contre le monde pour notre propre bien, et nous découvrons que c’est à notre propre humanité que nous n’avons cessé de livrer bataille. »
Pierre Madelin estime que cette transformation majeure de nos imaginaires demeurera ineffective si elle ne s’accompagne pas d’une révolution sociale et politique. Si le capitalisme est l’ennemi à abattre, un changement de paradigme, qui concerne autant le climat, l’énergie, la démographie, la question animale que l’organisation politique des sociétés, est en marche. Sortie de la crise écologique et sortie du capitalisme peuvent donc être considérées comme synonymes, à condition que le capitalisme ne soit pas remplacé par un autre système porteur de ce même imaginaire, comme ce fut le cas des expériences « socialistes » du XXe siècle.
L’écologie politique s’affirme clairement comme une réflexion critique de la modernité sur elle-même. Toute attitude révolutionnaire authentique impliquera néanmoins une dimension conservatrice parce que son but premier devra être de conserver le monde en tant que monde, en le préservant du « bouleversement incessant » et destructeur auquel la logique capitaliste le soumet.
Par-delà toute pensée réactionnaire, Pierre Madelin nous invite à conserver le monde en tant que monde, un impératif que les conclusions scientifiques du GIEC nous rappelle inlassablement depuis des années….
Après le capitalisme. Essai d’écologie politique de Pierre Madelin vient de sortir en librairie dans la collection Polémos.
Source : Éditions Écosociétés