La Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) et le Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada) unissent leurs voix pour alerter le gouvernement du Québec sur l’impact des nombreuses années de désinvestissements en matière d’environnement.
Le gouvernement devrait confirmer le sérieux de ses engagements au prochain budget.
L’environnement, toujours sous-financé
Lors du dernier exercice budgétaire 2016-2017, les dépenses allouées au secteur Faune du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) se sont élevées à 118,6 millions de dollars et celles du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC), à 173,7 millions. Additionnées, les dépenses de ces deux ministères aux responsabilités et engagements cruciaux pour l’avenir du Québec n’atteignaient même pas 0,3 % du budget entier.
« Alors que nos engagements en matière de changements climatiques et d’énergies renouvelables font briller la province sur la scène internationale, force est de constater que les outils et les ressources financières nécessaires à la mise en œuvre de ces mêmes engagements sont inadéquats et en deçà des besoins réels », affirme Sophie Paradis, directrice pour le Québec du WWF-Canada.
Si l’on compare les sommes réservées au développement du nord (Plan Nord) et de la voie maritime (Stratégie maritime du Québec), qui se fait en plein milieux naturels, les sommes sont disproportionnées. « Uniquement pour les cinq premières années de sa Stratégie maritime, Québec prévoit l’investissement de 2,9 milliards de dollars, et la portion réservée à la protection des écosystèmes en milieu marin et d’eau douce, et à la pêche durable, occupe encore une fois une part négligeable du budget », ajoute Mme Paradis.
Les deux organisations s’entendent pour dire qu’il est impératif pour notre avenir collectif que les gouvernements assument pleinement leur rôle de fiduciaire de l’environnement. Ici au Québec, l’austérité budgétaire se manifeste de façon asymétrique et frappe davantage
certains ministères avec des conséquences bien réelles. Par exemple, Le Devoir nous apprenait récemment que le nombre d’inspections menées par le MDDELCC a diminué de plus de 20 % depuis 2010. Selon les crédits budgétaires, le Centre de contrôle environnemental du Québec au sein de ce ministère a d’ailleurs vu son budget diminué en 2016-2017 par rapport à l’année précédente.
Notre biodiversité en crise
Lorsque que l’on aborde les questions de biodiversité, le gouvernement ne fait guère mieux. Au cours des dernières années, Québec s’est doté de nombreuses équipes de rétablissement des espèces en péril et les sommes allouées pour soutenir leur travail sont infimes.
« Prenons l’exemple du chevalier cuivré, une espèce unique au Québec. Il manque cruellement de ressources pour assurer correctement la mise en œuvre du plan de rétablissement de l’espèce », poursuit Alain Branchaud. Faudra-t-il encore qu’Ottawa intervienne pour assurer la survie et le rétablissement d’une espèce en péril au Québec?
Le WWF-Canada et la SNAP Québec appellent le gouvernement du Québec à entretenir, par davantage de gestes concrets, sa réputation de leader en environnement. « La biodiversité et des écosystèmes en bonne santé sont essentiels à la croissance à long terme de secteurs économiques tels que l’agriculture, la foresterie, la pêche et le tourisme* », nous rappelle la Banque mondiale. Augmenter les budgets en environnement est non seulement profitable à l’économie québécoise, mais démontre que notre gouvernement entend les préoccupations de la société et investit dans l’avenir durable de celle-ci.
* http://www.banquemondiale.org/fr/topic/environment/overview
Source : SNAP Québec