Le Regroupement des organismes de bassins versants du Québec (ROBVQ) ne peut cacher sa déception devant le nouveau budget provincial présenté par le ministre des Finances Carlos Leitao et qui ne consent aucun crédit supplémentaire en soutien aux organismes de bassins versants (OBV) ni fonds pour la réalisation des actions des plans directeurs de l’eau.
S’il ne peut que saluer les différents investissements du gouvernement du Québec dans le domaine de l’eau, notamment au sein du milieu municipal, le ROBVQ estime que ces initiatives auraient dû s’inscrire dans une vision intégrée, soit celle de la gestion de l’eau par bassin versant que le gouvernement a lui-même mise en place.
Investir dans une vision d’ensemble
Il prévaut de souligner le soutien accordé aux municipalités, dans ce budget, pour la protection des sources d’eau potable, de même que le crédit d’impôt offert aux particuliers pour la mise aux normes des installations septiques et les montants qui permettront de compléter les projets d’acquisition de connaissances sur les eaux souterraines. Le ROBVQ en avait d’ailleurs fait les recommandations à quelques reprises. «Il s’agit toutefois d’actions isolées. Il faut des investissements structurés pour permettre la mise en œuvre de l’ensemble des actions identifiées par les quelque 900 acteurs de l’eau impliqués au sein des OBV», souligne Marie-Claude Leclerc, directrice générale du ROBVQ. «Il faut investir dans une vision d’ensemble», poursuit-elle.
Il est vrai que parmi les actions envisagées par le gouvernement afin de développer son «leadership environnemental» figure l’élaboration et la mise en œuvre d’une Stratégie québécoise de gestion intégrée de l’eau. Cependant, sans financement attaché, le ROBVQ craint qu’elle ne demeure à l’étape de projet.
La gouvernance de l’eau supportée par les sacrifices des employés des OBV
Les OBV sont sans augmentation de leur financement statutaire (qui est en moyenne de 125 000 $) ni ajustement au coût de la vie depuis sept ans, une situation que déplore le ROBVQ. Sans compter que l’an dernier, le gouvernement a mis abruptement fin au programme de lutte aux algues bleu vert, réduisant ainsi leur financement de 770 000 $. La gestion de l’eau est, au Québec, confiée aux OBV dont la survie dépend aujourd’hui trop souvent des sacrifices de leurs employés et administrateurs qui supportent, personnellement, leur organisme. «Certains directeurs généraux travaillent sans se payer, se voient contraints de réduire les heures de travail de leurs employés alors que les besoins en exigeraient davantage, vont même jusqu’à réhypothéquer leur maison afin de pouvoir payer leurs employés ! Des membres bénévoles des conseils d’administration des OBV ne demandent pas le remboursement de leurs frais de déplacement», s’indigne madame Leclerc. «Le gouvernement a les ressources nécessaires pour mettre fin à cette situation et le devoir de le faire, mais il s’entête à ne pas investir dans notre réseau, un réseau qui porte son mandat à bout de bras», précise-t-elle.
Des impacts sur tout le Québec
Soulignons que les OBV sont mandatés par le gouvernement en vertu de la Loi sur l’eau pour élaborer, mettre à jour, faire la promotion et assurer le suivi de la mise en œuvre des plans directeurs de l’eau (PDE). Avec les acteurs de leur territoire, les organismes de bassins versants ont élaboré 40 PDE que le gouvernement a approuvés, mais pour la réalisation desquels aucun budget n’a été directement alloué. «Le gouvernement nous confie un mandat, mais ne nous en donne pas les moyens», se désole madame Leclerc. Chacun de ces PDE contient plusieurs dizaines d’actions que les OBV, en collaboration avec leurs partenaires, tentent de mettre en œuvre. Or, rappelons-le, certains peinent à conserver leur personnel. «Le message que laisse entendre le gouvernement, c’est que la réalisation de ces actions devra attendre», juge madame Leclerc.
«Le travail que réalisent les OBV est fondamental. C’est un travail de protection des cours d’eau, de gestion pérenne de la ressource, de conciliation de tous les usages de l’eau. C’est l’ensemble du Québec que pénalise le gouvernement du Québec en n’investissant pas en gouvernance de l’eau», ajoute madame Leclerc.
Rappelons que les OBV sont des organismes mandatés par le gouvernement en vertu de la Loi affirmant le caractère collectif des ressources en eau et visant à renforcer leur protection. Le ROBVQ représente 40 OBV établis sur l’ensemble du Québec méridional regroupant ainsi, plus de 1800 spécialistes au service de l’eau dont près de 200 salariés à temps plein.
Source : ROBVQ