Des groupes affirment que le golfe du Saint-Laurent, avec ses milliers d’espèces, ses activités de pêche et de tourisme durables ainsi que son importance pour les Premières Nations, devrait être protégé des risques de l’exploration pétrolière.
Des groupes environnementaux ont entrepris hier un recours juridique afin de contester le renouvellement de la licence de Corridor Resources à Old Harry, voulant ainsi protéger le golfe du Saint-Laurent – habitat de plus de 4 000 espèces, dont le rorqual bleu, le saumon et la morue — d’activités d’exploration pétrolière.
Les avocats d’Écojustice, au nom de la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec), Attention FragÎles, Nature Québec, la Fondation David Suzuki et la Fondation du Sierra Club Canada ont déposé une requête judiciaire contestant la décision illégitime de l’Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers d’émettre une nouvelle licence d’exploration à la firme Corridor Resources inc.
Contournement de la réglementation
La licence d’exploration de Corridor a été émise en 2008 pour une durée maximale de neuf ans, sans possibilité de prolongation. La licence aurait donc dû s’éteindre en janvier dernier. En dépit de cette contrainte légale très claire, l’Office a contourné l’interdiction en émettant une toute nouvelle licence, avec un numéro différent, le 15 janvier 2017.
« Le gouvernement devrait suivre ses propres règles et non pas créer des exceptions pour les compagnies pétrolières, mettant ainsi en danger des communautés côtières et des écosystèmes » d’affirmer Ian Miron, avocat chez Écojustice. « Il n’y a qu’à regarder les impacts qu’a eu le déversement du golfe du Mexique en 2010 pour comprendre la menace que poserait un déversement dans le golfe du Saint-Laurent où le couvert de glace hivernal rendrait les opérations de nettoyage difficiles, voire impossibles. »
« Depuis près de sept ans, la Coalition Saint-Laurent s’est battue pour empêcher les projets d’exploration pétrolière au site de Old Harry et réclame un moratoire sur l’exploration pétrolière dans tout le golfe du Saint-Laurent », selon Sylvain Archambault de la SNAP Québec. Danielle Giroux d’Attention FragÎles ajoute que « les inquiétudes sont nombreuses quant à l’avènement potentiel de l’industrie pétrolière dans le golfe, sachant qu’un déversement pourrait affecter Terre-Neuve et ses provinces voisines ».
Voie migratoire clé
Le golfe est une voie migratoire d’importance capitale pour de nombreuses espèces de mammifères marins et poissons, dont le saumon atlantique, source alimentaire et de valeur culturelle d’importance des Premières Nations. Il permet aussi le maintien des industries halieutiques et touristiques totalisant plus de deux milliards de dollars, d’expliquer Karel Mayrand de la Fondation David Suzuki.
Pour Gretchen Fitzgerald de la Fondation du Sierra Club Canada, « les communautés côtières qui dépendent de la santé du golfe du Saint-Laurent pour leur survie ne doivent pas être à la merci de la menace que posent les projets d’exploration pétrolière. De plus, le rorqual bleu, une espèce menacée, fréquente le golfe. Le nombre d’adultes et de jeunes est dangereusement faible et nous craignons leur disparition si le développement industriel du golfe se poursuit. ».
Source : SNAP Québec