Adopté fin 2015 par 195 pays, l’accord de Paris a créé un cadre collectif pour lutter contre le réchauffement climatique, parallèlement aux engagements volontaires de réduction des émissions de gaz à effet de serre des pays.
Quels objectifs?
La communauté internationale s’est engagée à limiter la hausse de la température «bien-en deçà de 2°C» et à «poursuivre les efforts pour limiter la hausse à 1,5°C», par rapport au niveau d’avant la Révolution industrielle.
La mention du 1,5°C a été un combat des pays les plus exposés, mais beaucoup d’experts doutent de sa faisabilité.
2°C ou 1,5°C, ces objectifs sont ambitieux compte tenu des concentrations de gaz à effet de serre (GES) déjà atteintes et du niveau actuel des émissions, pas encore stabilisé: les experts du Giec estiment qu’il faudrait réduire ces émissions de 40 à 70% entre 2010 et 2050 pour rester sous 2°C.
Sur ce point, l’accord est vague et indique que les pays recherchent «un plafonnement des émissions dans les meilleurs délais», puis «des réductions rapides par la suite». La recherche, dans la deuxième partie du siècle, d’un équilibre entre émission et absorption des GES est interprétée par les uns comme la fin des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), quand d’autres misent sur le captage de CO2 (technique encore au stade expérimental) pour continuer à en exploiter.
Contrairement au protocole de Kyoto, l’accord n’impose pas d’objectif contraignant par pays: en amont de la COP21, chacun s’est fixé ses propres objectifs, jusqu’en 2025 ou 2030.
Barack Obama s’était engagé à ce que les Etats-Unis réduisent leurs émissions de 26 à 28% d’ici 2025 par rapport à 2005, via un «plan pour une énergie propre», que Donald Trump veut démanteler.
Quel calendrier?
La réalisation des plans nationaux volontaires éviterait les catastrophiques +4/5°C prévisibles en l’absence de politiques climatiques, mais laisse la planète sur une trajectoire toujours dangereuse de +3°C.
D’où la nécessité de renforcer ces engagements et de faire des bilans d’étape: le premier est prévu en 2018, mais sur une base volontaire, celui de 2023 sera obligatoire.
Comment vérifier les engagements?
L’accord de Paris prévoit que les pays rendent compte de leurs actions et résultats, avec une certaine flexibilité pour les pays plus pauvres. Mais les règles précises de cette «transparence» doivent encore être décidées lors des négociations «climat» internationales. La date butoir pour aboutir est la COP24, fin 2018 en Pologne.
La transparence concerne aussi l’aide financière des pays riches aux pays en voie de développement.
Un pays peut-il se désengager?
Comme les Etats-Unis menacent de le faire, n’importe lequel des 147 pays ayant ratifié à ce jour l’accord peut en sortir. Mais pas avant trois ans après la date de son entrée en vigueur (le 4 novembre 2016). Le retrait devient effectif après une année supplémentaire de préavis.
L’option plus radicale consistant à quitter la Convention-climat de l’ONU (CCNUCC) ne prendrait qu’un an.
Quelle aide pour les plus pauvres?
En 2009, les pays riches avaient promis que leur aide atteindrait 100 milliards de dollars (89 milliards d’euros) par an en 2020, pour permettre aux plus pauvres de financer des infrastructures énergétiques propres et de s’adapter aux impacts du réchauffement.
Le texte de Paris acte que cette somme n’est qu’un «plancher», un nouvel objectif devant être fixé «d’ici 2025».
De nombreux pays en développement réclament «une feuille de route» précise sur la hausse de cette aide. Une estimation publiée en octobre 2016 par l’OCDE et une quarantaine de pays estime que, sur la base des engagements déjà pris, l’aide publique atteindrait 67 milliards de dollars (59 milliards d’euros) annuels en 2020.
En ajoutant les effets de levier sur le privé, les financements totaux iraient de 77 à 133 milliards de dollars (68 à 118 milliards d’euros) en 2020.
Cette somme de 100 milliards est à comparer aux 3 à 4.000 milliards de dollars nécessaires, selon le think tank New Climate Economy, pour financer une transition vers des économies «bas carbone», de sorte qu’une réorientation massive des investissements privés est impérative.
Source : Agence France Presse