En hydroponie et aquaponie, le “jardin extraordinaire” de Lucille alimente les grands chefs

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AFP / IROZ GAIZKA

AFP / IROZ GAIZKA

En 2016, avec son compagnon Thomas Panzolatto, Lucille Bonnet a lancé la première ferme en France à mêler, à échelle commerciale, des systèmes d’exploitation “hors-sol” en hydroponie et aquaponie en circuit fermé, avec bassins en extérieur et serre de 625 m2.

“Forcément un basilic de couleur violette dans une assiette, ça réveille le goût”, s’amuse Lucille Bonnet, 28 ans, paysagiste à la tête de la ferme hydroponique et aquaponique L’autre Campagne, dans le Sud-Ouest de la France.

La ferme produit quelque 230 variétés de plantes aromatiques rares, goûteuses, nutritives et prisées des grands chefs cuisiniers. Des plantes comestibles et sauvages venues du monde entier, que Lucille, collectionneuse dans l’âme, cultive depuis son adolescence dans sa ferme natale des Landes.

“Notre basilic est légèrement violacé, nervuré, pourpre, il est plus sucré, plus suave que le basilic traditionnel”, s’enthousiasme-t-elle.

AFP / IROZ GAIZKA L'hydroponie est une technique moderne qui permet de faire pousser des plantes en remplaçant la terre par de l'eau.

AFP / IROZ GAIZKA L’hydroponie est une technique moderne qui permet de faire pousser des plantes en remplaçant la terre par de l’eau.

Lucille et Thomas ont l’art de produire des plantes qui ont le goût d’une autre: “Notre sarriette a le goût de la menthe glaciale. Notre oxalis ressemble à du trèfle, sauf que le trèfle n’a pas de goût. Le nôtre est acidulé”, rit Lucille.

“La plupart des plantes aromatiques sont médicinales. Le grand public l’ignore. Nous utilisons notre pimprenelle au goût de concombre pour arrêter les saignements”, lance la jeune femme.

De grands chefs à l’affût

AFP / IROZ GAIZKALa ferme produit quelque 230 variétés de plantes aromatiques rares, goûteuses, nutritives et prisées des grands chefs cuisiniers comme Andrée Rosier (d), ici dans son restaurant de Biarritz avec Lucille Bonnet (g) 

AFP / IROZ GAIZKA La ferme produit quelque 230 variétés de plantes aromatiques rares, goûteuses, nutritives et prisées des grands chefs cuisiniers comme Andrée Rosier (d), ici dans son restaurant de Biarritz avec Lucille Bonnet (g)

Des plantes très prisées des grands chefs: en moins d’un an, les produits de L’Autre Campagne ont séduit les restaurants gastronomiques du Pays Basque français et espagnol où les chefs étoilés se poussent du col. “L’an dernier, j’ai mis une belle robe bleue et je suis allée les démarcher un à un”, explique Lucille. De nombreux restaurateurs ont été conquis, parmi lesquels Juan Mari Arzak et Martin Berasategui (chacun trois étoiles au Michelin) à Saint-Sébastien ou, encore plus près de Saint-Martin-de-Seignanx, Andrée Rosier (1 étoile au Les Rosiers) à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques).

Première femme Meilleur ouvrier de France comme cuisinier en 2007, elle est intarissable sur la qualité et le goût des plantes de Lucille: “Nous agrémentons nos asperges avec ses fleurs de pensée, elles amènent de la douceur, elles sont jolies, gustatives. Sa campanule se marie très bien avec notre quasi de veau au fenouil et aux carottes, elle lui donne du peps, souligne-t-elle.

La ferme est aussi ouverte aux particuliers, pour acheter des plantes ou y faire des stages.

625 m2 de serre d’hydroponie et d’aquaponie

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AFP / IROZ GAIZKA L’hydroponie permet de produire avec une grande efficacité et sur peu d’espace des fruits et des légumes.

L’originalité de L’Autre Campagne est son système de production. L’hydroponie est une technique moderne qui permet de faire pousser des plantes en remplaçant la terre par de l’eau. “Nous y ajoutons des sels minéraux et de l’oxygène. Les racines des plantes baignent dans cette eau où elles peuvent facilement se nourrir des éléments nutritifs mis à leur portée. L’ensemble fonctionne en circuit fermé alimenté par une simple pompe”, explique Thomas Panzolatto.

AFP / IROZ GAIZKALucille, collectionneuse dans l'âme, cultive des plantes comestibles et sauvages venues du monde entier depuis son adolescence dans sa ferme natale des Landes.

AFP / IROZ GAIZKA Lucille, collectionneuse dans l’âme, cultive des plantes comestibles et sauvages venues du monde entier depuis son adolescence dans sa ferme natale des Landes.

Un système qui permet de produire avec une grande efficacité et sur peu d’espace des fruits et des légumes. “L’hydroponie permet de se passer de désherbage et de traitement. De plus, en cultivant à hauteur de travail, les végétaux sont faciles à tailler, surveiller et récolter”, insiste-t-il.

L’aquaponie, elle, crée un écosystème en circuit fermé entre les poissons et les plantes. Les poissons, via leurs déjections, créent de l’engrais pour les plantes. Les plantes absorbent ces nitrates et filtrent l’eau qui revient propre vers les poissons”, explique Thomas.

Lucille et Thomas, en moins d’un an, ont réussi leur pari avec un investissement de 100.000 euros subventionné pour moitié par la commune de Saint-Martin-de-Seignanx, le département des Pyrénées-Atlantiques et des fonds européens pour les jeunes agriculteurs.

Les deux jeunes gens ne craignent pas la concurrence, mais plutôt les pucerons et les chenilles qu’il faut enlever à la main. “En une nuit, la chenille papillon dévore un pied de basilic”, se désole Lucille.

La parade? “Nous avons installé des nichoirs pour les oiseaux afin qu’ils viennent attaquer les chenilles”.

Source : Agence France Presse

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