Changements climatiques : et si l’on se souciait des petits?

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© Rxair

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Par Mélanie Beaudoin

À l’heure où le président américain, Donald Trump, a annoncé qu’il allait retirer les États-Unis de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, de nombreuses questions sont soulevées.

Les dirigeants de plusieurs pays ont signalé leur déception devant ce fait accompli : le président français Emmanuel Macron a plaidé en anglais « make the planet great again », la chancelière allemande Angela Merkel a qualifié le geste « d’extrêmement regrettable », le premier ministre canadien Justin Trudeau s’est dit « profondément déçu ». Quant aux dirigeants de multinationales américaines, plusieurs voient comme un non-sens cette décision qui risque d’affaiblir leur pays plutôt que de lui redonner des ailes. General Motors, General Electric, Disney, Tesla et même des compagnies pétrolières ont signalé qu’ils allaient poursuivre leurs efforts pour lutter contre les changements climatiques, que la menace du climat était réelle et actuelle, et que le retrait des États-Unis constituait un recul pour leur pays.

Penser aux générations futures

Parmi ces citations dénonciatrices, certains, dont Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, Arnold Schwarzenegger, ancien sénateur de la Californie, et Bill Clinton, ancien président américain, ont affirmé que cette décision mettait « le futur de nos enfants à risque »… Ironique que la décision de l’administration Trump ait fait cette annonce le 1er juin, qui est aussi, dans plusieurs pays du monde, la journée internationale de l’enfance… Alors qu’on tente par tous les moyens de faire vivre le concept de développement durable, comment interpréter cette décision face aux générations futures? Quels sont les effets des changements climatiques sur cette population spécialement vulnérable que sont les enfants? Les enfants sont affectés par les changements climatiques de toutes les façons. Chaleur, virus, événements météorologiques extrêmes, qualité de l’air sont tous des facteurs qui pourront avoir un impact sur la santé des enfants.

Si les enfants sont affectés par les mêmes aléas que les adultes, il n’en demeure pas moins qu’ils sont plus vulnérables à ceux-ci. Leur métabolisme et physiologie encore immatures, leur développement incomplet ou encore leur exposition à l’air, à la nourriture et à l’eau par unité de poids corporel font en sorte qu’ils sont plus à risque.

Chaleur

Plusieurs études ont démontré la vulnérabilité des enfants à la chaleur. Une augmentation des visites aux urgences et des hospitalisations pédiatriques ont été notées durant les épisodes de chaleur extrême aux États-Unis et ailleurs, principalement en raison de problèmes rénaux ou respiratoires1. L’augmentation des températures peut également avoir des incidences sur l’issue des grossesses, incluant des mortalités périnatales et des accouchements prématurés. Une diminution du poids à la naissance est aussi observée lorsque la mère a été exposée à des températures extrêmes, principalement pour les groupes socioéconomiques plus défavorisés, bien que l’impact soit modeste (10 g par semaine d’exposition)2.

Si la chaleur a un impact sur les jeunes enfants, elle peut aussi avoir des conséquences sur la santé des adolescents, comme les sportifs d’élite qui s’entraînent à l’extérieur ou encore les adolescents occupant des emplois d’été à l’extérieur (travail sur la ferme, sauveteurs, etc.). Des cas de déshydratation ou de coups de chaleur sont fréquemment rapportés. Aux États-Unis, le nombre de décès causés par des coups de chaleur chez les footballeurs des écoles secondaires ou collégiales a doublé dans la dernière décennie3.

Qualité de l’air

Les gaz à effet de serre responsables des changements climatiques, notamment le CO2, sont des polluants de l’air reconnus. De même, les vagues de chaleur augmentent les concentrations d’ozone. Les fœtus, les bébés et les enfants sont particulièrement sensibles aux effets de la pollution atmosphérique sur la santé. Ils sont encore en croissance et leurs poumons n’ont pas fini de se développer. Les enfants sont plus exposés à la pollution atmosphérique parce qu’ils inspirent une plus grande quantité d’air par kilogramme de poids corporel et qu’ils passent plus de temps à l’extérieur que les adultes4.

Les changements climatiques pourraient être responsables d’une augmentation des cas d’asthme chez les enfants en raison d’une augmentation des polluants atmosphériques, notamment de l’ozone. L’ozone est aussi associé avec des troubles de croissance et de fonctionnement des poumons.

Par ailleurs, les incendies de forêt, qui peuvent augmenter en raison des changements climatiques, engendrent des particules fines qui pourront avoir de nombreux effets sur la santé des enfants, comme des difficultés respiratoires, l’exacerbation de l’asthme et des bronchites chroniques5.

Les rhinites allergiques causent aussi des désagréments et des inconforts aux tout-petits, alors que les changements climatiques augmentent la durée de la saison des allergies, de la production de pollens et de la dispersion de ceux-ci. Au Canada, une étude dans cinq villes (Vancouver, Saskatoon, Winnipeg, Hamilton et Halifax), en 2003, a permis d’estimer la prévalence de la rhinite allergique chez les jeunes de 13 à 14 ans à environ 15 à 23 %, selon la ville 6. Sur l’île de Montréal, une étude a estimé à environ 16 % la prévalence de manifestations allergiques associées à l’herbe à poux chez les enfants (6 mois à 12 ans), en 20067.

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Source : Institut National de Santé Publique du Québec


Sources
  • 1 Ahdoot, S. et coll. « Global Climat change and children’s Health », Pediatrics, vol. 136, numéro 5, Novembre 2015.
  • 2 Ngo, N. S. et Horton, R. M. (2016). Climate change and fetal health: The impacts of exposure to extreme temperatures in New York City. Environmental Research, 144, 158‑164. doi:10.1016/j.envres.2015.11.016
  • 3 Ibid, note1.
  • 4 Environnement et Changements climatiques Canada. La Cote air santé pour vos enfants
  • 5 Perera, F. P. (2017). Multiple Threats to Child Health from Fossil Fuel Combustion: Impacts of Air Pollution and Climate Change. Environmental Health Perspectives, 125(2), 141‑148. doi:10.1289/EHP299
  • 6 Wang et al. (2010) Disparate geographic prevalences of asthma, allergic rhinoconjunctivitis and atopic eczema among adolescents in five Canadian cities. Pediatr Allergy Immunol. 2010 Aug;21(5):867-77
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