Cyclone Nargis – Myanmar
Il y environ 6000 ans, alors que la Terre connaissait un réchauffement climatique dû à des causes naturelles et que des moussons plus abondantes balayaient l’Afrique de l’Ouest, le désert du Sahara était couvert de prairies verdoyantes. Mais ce verdissement du désert n’a pas été sans conséquence sur le climat du reste de la planète. «Un Sahara plus vert entraîne une réduction des émissions de poussière et renforce la mousson ouest-africaine, ce qui conduit à des changements dans la circulation atmosphérique, entraînant une intensification de l’activité cyclonique partout dans les Tropiques, explique le professeur du Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère Francesco Pausata. Dans l’Atlantique, cela peut vouloir dire deux fois plus de cyclones.»
À peine arrivé à l’UQAM, le jeune professeur a publié coup sur coup, au cours de l’été, deux articles dans des revues scientifiques majeures, Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) et Nature Communications. Les deux articles découlent de recherches sur le climat du milieu de l’Holocène qu’il a menées au cours des dernières années à l’Institut météorologique de l’Université de Stockholm.
Augmentation du nombre de cyclones dans les deux hémisphères
Les études menées jusqu’à ce jour sur l’activité cyclonique tropicale dans un climat plus chaud ne prenaient pas en considération les effets du verdissement du Sahara et de la conséquente diminution des émissions de poussière, explique le professeur. «Alors que de précédentes études suggèrent une activité cyclonique moins élevée malgré une insolation plus forte en été et une température plus chaude à la surface de la mer dans l’Hémisphère Nord, si l’on tient compte du verdissement du Sahara et de la réduction des concentrations de poussière, on observe plutôt une augmentation du nombre de cyclones dans les deux hémisphères, particulièrement sur la côte Est de l’Amérique du Nord et dans les Caraïbes, mais aussi dans la Mer de Chine méridionale.»
L’influence du verdissement du Sahara
Doit-on en conclure que le réchauffement climatique en cours à l’heure actuelle mènera forcément à une augmentation des événements tels que le cyclone qui frappe Houston en ce moment? «On ne peut pas dire cela aussi nettement, répond le professeur. Le réchauffement actuel est différent de celuiqui a marqué l’Holocène. Mais il est certain que notre étude démontre l’importance de facteurs tels que le couvert végétal du Sahara et les concentrations de poussière dans l’intensité et le développement des cyclones tropicaux dans le passé. Cela suggère que ces deux facteurs pourraient avoir une influence sur l’activité cyclonique tropicale dans un futur climat plus chaud.»
Source : Les actualités de l’UQAM