Alors que s’ouvre ce samedi à Paris un salon dédié à l’or brun, les producteurs s’inquiètent des menaces que fait peser le dérèglement climatique sur la fève de cacao.
(…) En amont du Salon du chocolat, grand raout qui se tient jusqu’à mercredi (…), la filière s’est réunie à Paris pour tirer la sonnette d’alarme : le réchauffement climatique pourrait bien mettre en péril la production de l’or brun (…). D’ici vingt ans, si rien ne change, seule une petite élite pourrait avoir accès à ces produits. « Il y a un réel risque de pénurie », confirme Christian Cilas, agronome au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).
La production concentrée dans deux pays
Les fragiles cacaoyers craignent la sécheresse. Or, elle risque d’être de plus en plus importante en Côte d’Ivoire et au Ghana notamment, alors que ces deux pays concentrent à eux seuls 70 % de la production mondiale et sont déjà largement ravagés par le virus de la pousse gonflée. « Cette maladie est transmise par la cochenille farineuse, un insecte qui aime l’air sec », précise Christian Cilas. Pour l’instant, les récoltes restent conséquentes « parce qu’on continue d’étendre les terres consacrées à ces plantations », ajoute le spécialiste. Mais cette frénésie extensive risque d’aggraver encore le phénomène.
Les forêts sacrifiées
Victime du dérèglement climatique, l’industrie du chocolat en est également — en partie — responsable. Ces immenses monocultures en Afrique de l’Ouest mais aussi en Indonésie, au Mexique ou en République dominicaine se sont développées à grands coups de déforestations. Objectif : répondre à une demande mondiale qui ne cesse d’augmenter. Selon l’Organisation internationale du cacao, l’an dernier, elle a crû de 7 %, tirée notamment par l’appétence des Chinois et des Indiens pour les tablettes de chocolat et de pâte à tartiner. Entre 1960 et 2010, plus de 80 % des forêts de la Côte d’Ivoire ont disparu. C’est ce phénomène, précisément, qui contribue à augmenter l’effet de serre, et donc à faire grimper la température globale de la planète.
Source: Le Parisien. Auteur: Emilie Torgemen