Le savoir autochtone est essentiel à la compréhension des changements climatiques

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Par Timothy J. Greene Sr.

La science est essentielle pour notre santé, notre capacité à vivre des vies bien remplies et au bien-être de la communauté. Nous utilisons la science pour faire avancer la médecine, améliorer notre utilisation des ressources naturelles, assurer notre approvisionnement en nourriture et beaucoup plus.

La science occidentale n’est qu’une des formes de connaissance. En effet, les savoirs traditionnels et la sagesse des peuples autochtones sont reconnus par les Nations Unies pour leur potentiel de gestion durable des écosystèmes complexes. Toutefois, la science occidentale a trop souvent ignoré des siècles de connaissance basée sur la science, provenant des Amérindiens et d’autres peuples autochtones.

Les peuples autochtones ont vėcu dans nos endroits particuliers pendant de nombreuses générations, et nous nous définissons en fonction de notre  environment domestique. Notre relation profonde et de longue date avec l’environnement est unique; notre existence même dépend de notre capacité de préserver et d’entretenir nos terres et eaux pour les générations futures.

Auhjourd’hui, les tribus, les Premières Nations, les peuples autochtones et arborigènes sonnent fortement l’alarme quant aux répercussions des changements climatiques. L’élėvation du niveau de la mer, les systèmes naturels brisés et l’augmentation des incendies et des inondations sont apparents et documentés.

Par exemple, les stocks de plusieurs espèces de poisson sont sensibles à la température de l’océan le long du Courant de Californie, et une diminution récente de ces stocks a des sérieuses implications pour le bien-être de ma tribu Makah.

Alors que d’autres débattent des causes des changements climatiques, nous, qui vivons près de la terre, expérimentons des impacts majeurs de notre climat changeant et demandons une action immédiate et forte pour protéger les ressources sur lesquelles nous dépendons tous. Nous ne pouvons pas nous permettre d’ignorer les connaissances autochtones sur les changements climatiques.

En grandissant en tant que membre de la tribu Makah, je me suis fié sur la connaissance empirique de mes ancêtres pour savoir où pêcher et comment trouver d’autres sources de nourriture. Ma communauté a compté sur l’expérience autochtone pour comprendre comment rester en santé.

Lorsque j’étais enfant, mon père m’a appris à naviguer notre territoire océanique au travers des courants, marées et repères. Cette connaissance, combinée au cycle de vie des poissons et au temps de l’année, permettait une pêche soutenable d’espèces telles que le flétan, la morue noire et le sébaste. Au fil des ans, mes pairs et moi avons transféré cette connaissance aux autres membres de la famille qui ont intégré l’information dans les pratiques courantes de pêche et de gestion.

Jeune, je me levais le matin, souvent avant le lever du soleil, et je quittais ma maison qui surplombait la plage. Il n’y avait ni sac à dos, ni lunch. On m’a appris ce que la terre pouvait fournir en toute saison: des racines, des baies, des oursins et des moules, pour n’en nommer que quelques exemples. Connaître comment, où et quand récolter, toujours de manière à assurer que les ressources perdurent pour la prochaine personne, est un mode de vie. Ces enseignements et ces valeurs ont fourni les bases du travail que j’ai accompli dans le leadership tribal.

Plus au nord, les aînés Tlingit et Haida observent de jeunes harengs qui suivent des harengs plus âgés jusqu’aux sites de ponte. Lorsque la pêche industrielle retire les harengs les plus âgés de ces sites, les stocks sont détruits, car les jeunes poissons ne savent plus comment revenir à ces endroits. Le fait de ne pas tenir compte de ces observations traditionnelles mène à la disparition du hareng et menace les aspects des cultures Tlingit et Haida qui sont ėtroitement liės au hareng.

Une nouvelle récente présentait une observation surprenante d’oiseaux australiens qui propageaient intentionnellement un feu en transportant des bâtons enflammés. Bien que fascinant, ce comportement est connu des Arborigènes depuis longtemps. L’utilisation du feu comme outil de gestion est répandue dans toutes les cultures autochtones. Makah n’est pas une exception. Pendant des siècles, nos ancêtres ont utilisé le feu pour gérer des cultures de canneberges et de thé. Ces ressources sont actuellement menacées par notre climat changeant, ainsi que par les lois et règlements qui régissent l’utilisation du feu.

Le respect et l’adoption des connaissances autochtones en tant que science importante bénéficie à tous. Lors de la recherche de solutions aux défis environnementaux auxquels nous sommes confrontés, il est critique d’appliquer ces connaissances autochtones. Nous cherchons tous à mieux comprendre la Terre et ses ėcosystèmes. En intégrant les savoirs traditionnels à la science occidentale, nous pouvons résoudre ensemble nos défis les plus grands, incluant ceux associés aux changements climatiques.

Source: cette lettre d’opinion a été publiée originalement en anglais dans le Seattle Times, le 10 avril 2018 . Sa traduction et sa publication ont été autorisées par l’auteur.

Crédit Photo: Dennis Jarvis sur Flickr

À propos de l’auteur: Timothy J. Greene Sr. est un ancien président du Conseil tribal Makah et est administrateur de l’organisation The Nature Conservancy dans l’état de Washington aux États-Unis.

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