Par Catherine Paquette
Que se passe-t-il sur le terrain, à Katowice? Quelle est la particularité de la COP24? GaïaPresse s’est entretenu avec deux québécois qui se sont envolés dimanche pour Katowice en Pologne, où se déroule la 24e Conférence de l’ONU sur le climat. Voici quelques aspects soulevés par Géraud de Lassus St-Geniès, Chercheur postdoctoral à la Faculté de droit de l’Université McGill, spécialiste en droit du climat.
Quelques jours avant la conférence de Katowice, quelques rumeurs couraient quant à des problèmes logistiques importants qui attendaient les futurs participants : dans les salles de négociation, il faisait froid.
Le détail peut sembler futile. Mais alors que près de 30 000 personnes sont attendues dans cette ville de 300 000 habitants, il importe de régler au quart de tour le déroulement de ces 10 journées de discussions.
« À la fin, ça va négocier 72 heures, sans arrêt. Les questions comme ‘est-ce qu’il y a suffisamment de nourriture, est-ce que le temps de transport est raisonnable de l’hôtel à la salle’, sont des questions qui se posent. Les aspects logistiques sont très importants », fait remarquer l’expert en droit du climat, Géraud de Lassus St-Geniès.
Le post-doctorant affilié au Centre pour l’innovation dans la gouvernance internationale (CIGI) analyse depuis une quinzaine d’année les négociations internationales liées au climat : il est devenu un habitué des conférences des parties de l’ONU (COP), auxquelles il participe pour observer les échanges entre les chefs d’état, du fond de la salle de négociations.
Outre quelques détails logistiques, l’expert affirme que cette réunion à Katowice pourrait être particulière, compte tenu du contexte international actuel. La récente élection du nouveau président brésilien amènera une couleur particulière aux discussions, pense-t-il. Le président Bolsonaro a en effet annoncé qu’il refusait d’accueillir la COP 25 l’an prochain, jugeant que le Brésil ne disposait pas du budget nécessaire pour la mise en place des infrastructures requises. « On voit déjà que [l’environnement] n’est pas une priorité politique du président, donc si c’est pas sa priorité, ça va changer sa manière de négocier. Le Brésil pourrait faire peu de place au compromis », résume-t-il.
Par ailleurs, la COP24 se tient dans une région de la Pologne où l’extraction minière est importante. Le charbon est d’ailleurs la source de 80 % de l’électricité du pays. « La Pologne gros producteur de charbon, et au sein de l’Union Européenne, ce pays fait peu pour lutter contre les changements climatiques. Donc ça va être une COP un peu bizarre », souligne-t-il, ajoutant que la présidence Michał Kurtyka, pourrait aussi donner un ton particulier aux discussions.
Bâtir sur un socle commun
À la différence de la COP21, où l’Accord de Paris a été formulé, cette COP24 ne vise pas à adopter de grands principes dont on entendra parler des années durant. Son objectif est d’amener les États à établir des règles communes afin de déterminer comment les cibles de l’Accord de Paris doivent être atteintes.
« Ce ne sont pas les négociations qui visent directement à construire une société sobre en carbone, ce sont plutôt des négociations qui visent à encourager les États à se donner des règles. On veut s’assurer que tout le monde soit capable d’adopter ces règles là, et s’assurer que tout le monde joue le jeu », explique Géraud de Lassus St-Geniès.
Des questions telles que la manière de construire localement une cible de réduction des GES, les informations à prendre en compte dans la comptabilisation des actions, les modalités des transferts promis aux pays du Sud, ou encore la nature des informations à divulguer lors des prochaines conférences des parties sur le climat, sont sur la table.
« Chaque état décide de ce qu’il veut faire sur son territoire pour atteindre des cibles, mais il y a des règles communes pour voir comment atteindre les cibles. […] Il y a un socle commun, mais aussi de petites différences entre états développés et états en développement » résume M. de Lassus St-Geniès.
À titre informatif, des réunions internationales ont aussi eu lieu en amont de la COP 24 (à Bonn, puis à Bangkok) afin de répondre à des questions similaires en lien avec l’application de l’Accord de Paris, sans que de grandes avancées n’aient été possibles.
Parmi les critiques adressées à l’Accord de Paris figure le caractère volontaire de sa mise en oeuvre par les pays signataires. Ces derniers ne sont pas contraints d’adopter des cibles de réduction des gas à effet de serre.
La COP, du côté de la société civile
GaïaPresse a réalisé un autre article qui présente la vision de Marielle Papin, doctorante au département de Science Politique de l’Université Laval, spécialiste des réseaux de ville et de la gouvernance climatique mondiale.
En parallèle aux importantes négociations officielles, tout un pan de la Conférence des parties (COP) est dédié à la participation d’acteurs de la société civile : des chefs d’entreprise, des chercheurs, des organisations locales ou internationales, mais aussi des maires et des réseaux de villes, tel que C40.