Ce jeudi 9 février, Nicolas Sarkozy est en visite à Fessenheim pour réaffirmer sa foi passionnée dans l'atome. Nul besoin de rappeler les multiples défauts de cette centrale vieillissante, qui devrait déjà être fermée [1] ; mais à quelques centaines de kilomètres de là, une autre centrale de l'Est de la France tente de minimiser de graves anomalies.
Le 18 janvier 2012, EDF a relevé une nouvelle anomalie sur deux des quatre réacteurs de la centrale de Cattenom (Moselle). Un dispositif spécial, censé équiper les tuyauteries et destiné à empêcher une vidange accidentelle des bassins où repose le combustible usé encore brûlant, fait défaut.
Après avoir été retirés du réacteur, les éléments de combustible usé continuent à émettre pendant des années une chaleur résiduelle qui doit être évacuée ; le refroidissement permanent des piscines est donc absolument crucial pour la sûreté. L'eau des piscines sert également de protection contre les rayonnements émis. Si, par erreur, les piscines venaient à se vidanger, le refroidissement des éléments de combustible ne serait plus assuré et des dégagements importants de radioactivité pourraient survenir.
Rappelons nous qu'il y a 11 mois, les piscines du réacteur 4 de Fukushima Daiichi sont entrées en ébullition suite à la baisse du niveau d'eau, entraînant la fusion d’une partie du combustible stocké, ce qui a mené à l'émission de poisons radioactifs dans l’atmosphère.
Il est donc extrêmement inquiétant qu'EDF se soit aperçu si tard de l'absence d'un dispositif aussi crucial, et ceci en dit long sur la rigueur des contrôles menés par les exploitants et l’Autorité de Sûreté depuis la mise en service de la centrale il y a un quart de siècle. Ceci est d'autant plus grave que ce risque de vidange accidentelle est loin d'être inconnu [2] , et que les autres systèmes de secours censés assurer le refroidissement sont largement vulnérables aux anomalies et erreurs humaines.
Le Réseau « Sortir du nucléaire » est en droit de se demander si ce défaut de sûreté est également présent sur d'autres réacteurs du parc nucléaire français.
Alors que Nicolas Sarkozy multiplient les odes à l'énergie nucléaire, la découverte inopinée de cette grave défaillance montre bien le caractère dérisoire des protections contre l'accident. Il est plus que temps de se passer de la menace nucléaire et de se tourner vers d’autres énergies vraiment propres et sûres !
[1] Rappel des dysfonctionnements de Fessenheim ici.
[2] De telles vidange accidentelles d'une piscine se sont déjà produites à la centrale de Golfech en 2008, à Creys-Malville en 2007, à Chinon en 2003, Tricastin en 2002…
Source: Réseau Sortir du Nucléaire