La Société pour Vaincre la Pollution-SVP a compilé les centaines de données d’analyses rendues publiques par le MDDECC en mai dernier et a pu constater que d’importants déversements d’hydrocarbures se sont produits bien après le déversement initial, suite à la tragédie, dans la rivière Chaudière. Les données montrent au moins un épisode de déversement majeur, ressenti dans la rivière Chaudière au moins jusqu’à 10 km en amont de la zone sinistrée de Lac-Mégantic. Par exemple le 17 octobre 2013 au km 4.5, un pic de 4,100 mg de pétrole par kg de sédiments (mg/kg) a été mesuré, soit 410 fois la norme (10 mg/kg) utilisée par l’état du Massachusetts1. Et pourtant, ce site aurait été « décontaminé » en septembre (voir la carte et le graphique ci-joints).
De plus en faisant une moyenne des concentrations de pétrole sédimentaire des périodes d’échantillonnage d’août, septembre et octobre 2013, on remarque qu’il y a eu une augmentation de près de cinq fois (493 %) des concentrations sédimentaires entre août et octobre.
Malheureusement, la SVP constate que les efforts de décontamination de la rivière, à cause des ces épisodes de rehuilage, ont eu peu d’effet à part celui de ravager les berges des riverains et de leur confisquer un accès à leur bien. Avant de décontaminer, il fallait arrêter les rejets du site de Lac-Mégantic, ce qui ne semble pas avoir été fait.
Selon la SVP, ces épisodes de rehuilage, dont certains sont aigus, sont dus soit à la décontamination du centre-ville, qui lessive les contaminants vers la rivière, soit à des écoulements continus non encore confinés au lieu du désastre, ou encore à des déversements ponctuels du site, volontaires ou non, de pétrole dans la rivière entre août et la mi-octobre.
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La SVP constate que certains riverains-propriétaires directement touchés par cette pollution ne sont ni informés, ni prévenus de l’état de la rivière, de sa contamination, des risques de contamination au cours de l’été 2014, et des plans prévus pour gérer la situation, etc.En conséquence, la SVP demande à ce que le Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE) soit mandaté afin d’étudier la situation sous un œil scientifique indépendant de toute pression politique et uniquement dans le but de préserver les citoyens-victimes ainsi que les écosystèmes touchés.
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La SVP recommande aussi aux riverains de contrôler l’accès à leurs rives et d’exiger de toute firme ou tout représentant du ministère de l’Environnement un plan précis d’action pour leur terrain, et des preuves démontrant la validité des méthodes employées.
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La SVP demande aussi un suivi serré et public des effets de la décontamination du centre-ville sur la rivière afin de mieux contrôler le lessivage du pétrole résiduel du site vers la rivière Chaudière ou la lac Mégantic.
- Enfin, la SVP demande que des mesures soient prises pour suivre les effets, informer les riverains et identifier clairement les zones à risques, notamment pour les pêcheurs et baigneurs.
« Les données actuelles démontrent qu’on ne sait tout simplement pas comment décontaminer un cours d’eau. Le cas de la rivière Chaudière et celui de la rivière Kalamazoo au Michigan ( lieu du bris du pipeline Enbridge en 2010) démontrent bien notre incapacité à se nettoyer d’un tel désastre dans l’eau. On peut imaginer, en pensant aux projets pétroliers annoncés pour le Québec, les effets d’un bris de pipeline juste en amont de la pise d’eau de Montréal, ou le naufrage d’un pétrolier près dans le fleuve à Québec ou à Cacouna », a déclaré Daniel Green, coprésident de la SVP.
« À l’heure actuelle, c’est comme si les victimes riveraines de la rivière Chaudière devenaient les objets d’expériences-pilote ou d’expérimentations. Ces riverains viennent de se voir arracher leur rivière et terrain sans compensation ni reconnaissance. Les dommages sont là pour longtemps. Il peut y avoir des remèdes, mais ils doivent être démontrés d’abord par une instance crédible et indépendante comme le BAPE. Ces gens ne sont pas des cobayes », a déclaré Anne-Marie Saint-Cerny, de la SVP.
Devant les informations compilées par la SVP, il faut réviser à la hausse la quantité de pétrole déversée dans la Chaudière après le déraillement du train de juillet 2013 à Lac-Mégantic. La SVP étudie également comment le ministre de l’Environnement du Québec de cette période, Yves-Françcois Blanchet, pouvait affirmer publiquement qu’il n’avait plus de déversement visible de pétrole dans la rivière Chaudière alors que les données sédimentaires prouvent le contraire.
Voir video SVP ici.
Source: Société pour Vaincre la Pollution