L’AQLPA dénonce la soumission du gouvernement Harper aux intérêts pétroliers

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Photo de Danilo Rizutti – Wikipedia commons

Le gouvernement du Canada a fait connaître vendredi dernier ses cibles de réduction des gaz à effet de serre (GES) dans le cadre de sa contribution prévue déterminée au niveau national (CPDN) inscrite au processus de négociation des Nations Unies en vue d’un accord international sur le climat devant être signé à Paris en décembre 2015. Par la voix de la ministre de l’Environnement du Canada, Mme Leona Aglukkak, il a annoncé une cible de réduction de 30% en 2030 par rapport à 2005. L’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) dénonce le fait que le Canada devienne ainsi moins ambitieux que les États-Unis (alors que Stephen Harper a toujours prôné l’alignement sur les objectifs étatsuniens pour des raisons économiques).

 

C’est même la cible la moins ambitieuse de tous les pays du G7 à l’exception du Japon : les États-Unis s’alignent sur 26 à 28% de réduction d’ici 2025 par rapport au niveau de 2005. L’Europe fixe un -40% d’ici 2030 par rapport à 1990 ou -35% depuis 2005. Seul le Japon a annoncé moins que le Canada avec -26% de réduction en 2030 par rapport à 2013. Mais le Japon a connu une catastrophe nucléaire qui l’a obligé à fermer plusieurs centrales nucléaires pour des durées indéterminées et à recourir au charbon tandis que le Canada regorge d’énergies renouvelables.

« La raison principale de ce décrochage par rapport aux États-Unis est que le gouvernement ne veut pas limiter la production des sables bitumineux, selon Alain Brunel, directeur climat énergie de l’AQLPA. Depuis 1990, 67% de la croissance des émissions de gaz à effet de serre (GES) au Canada est due au secteur pétrole et gaz, essentiellement en raison de la croissance de l’extraction des sables bitumineux. La soumission du gouvernement Harper aux intérêts pétroliers lui fait préparer des plans qu’il souhaite lui-même voir échouer afin de ne pas nuire aux intérêts pétroliers: l’objectif de -17% en 2020 que Stephen Harper avait souscrit à Copenhague, puis à Cancun, ne sera pas atteint, pas plus que ne le sera l’objectif actuel, sans imposer un moratoire sur l’exploitation des sables bitumineux. »

 

« De plus, le gouvernement canadien n’a pas daigné consulter les provinces dans l’élaboration de cette politique alors qu’il leur reprochait faussement il y a quelques semaines de ne pas collaborer avec lui ! Sur la question climatique, le gouvernement Harper a la langue fourchue : il prétend agir en prenant, tout seul dans son coin, des actions sectorielles nécessaires mais insuffisantes, comme la réglementation des émissions de méthane et il prend crédit des actions des gouvernements fédérés et régionaux, en même temps qu’il appuie sans compter le développement de l’industrie pétrolière. Au total cela a entraîné une hausse des émissions canadiennes de 18% entre 1990 et 2012 alors qu’elles devaient baisser de 6% en 2008 jusqu’en 2012 selon le protocole de Kyoto. Et pas plus tard qu’en 2014 Environnement Canada prévoyait d’ici 2030 une augmentation des émissions du Canada de 16%, là où aujourd’hui le gouvernement annonce une réduction de -30%. Ne cherchez pas l’erreur ! »

 

« Par conséquent, en refusant d’agir à la hauteur de ce que la science exige, le Canada est en train de devenir un acteur du dépassement du seuil de 2°C de température moyenne et donc un des responsables directs de l’écocide planétaire qui l’accompagnera inévitablement » conclut Alain Brunel.

 

Source: AQLPA

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