Le changement climatique est le terreau du terrorisme, constate un rapport d’experts

0

Capture d’écran 2017-04-10 à 18.14.24Le changement climatique est un des facteurs qui facilite le développement du terrorisme et du crime organisé, selon un rapport allemand publié jeudi (20 avril 2017). L’étude met notamment en avant la vulnérabilité des États qui se retrouvent incapables de pallier les conséquences des changements environnementaux pour leur population.

Terrorisme et changement climatique ? Les deux n’ont apparemment rien à voir. Et pourtant, un rapport publié (ce) jeudi 20 avril par le think tank allemand Adelphi [1] est clair : « Le changement climatique ne crée pas les terroristes, mais il contribue à créer un environnement favorable à son développement ».Plus largement, le document, intitulé Insurrection, terrorisme et crime organisé face au réchauffement climatique, s’intéresse aux « organisations armées non étatiques ». Parmi elles, des groupes terroristes tels que l’État islamique, Boko Aram ou les talibans, mais aussi le crime organisé avec les mafias ou les réseaux internationaux de trafic de drogue. Malgré des objectifs et des modes d’action très divers, on peut trouver quelques points communs : l’usage de la violence — qui fait concurrence à celle de l’État — et la mise en place d’activités illégales comme source de revenus — trafic de drogue et d’êtres humains ou exploitation illégale des ressources naturelles par exemple.Même si le terrorisme ou la mafia ne datent pas d’hier, le rapport remarque d’abord que l’implication de ces groupes armés non étatiques dans les conflits est croissante. « Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la nature des conflits a changé, passant d’une prédominance de conflits entre États à des guerres civiles ou à des conflits armés à l’intérieur des États », note-t-il. « On ne sait pas si les organisations armées non étatiques font de plus en plus de morts. Mais ce dont on est certain, c’est qu’elles sont de plus en plus nombreuses, et qu’elles sont de plus en plus impliquées dans les conflits dans le monde », explique à Reporterre Lukas Rüttinger, auteur du rapport et responsable de projet chez Adelphi.

De sévères sécheresses ont provoqué un rétrécissement du lac Tchad, où prospère Boko Haram

Ces dernières années, les rapports pointant les liens entre changement climatique et menaces sur la sécurité se multiplient. C’est en partant de ces deux constats qu’Adelphi a décidé de se demander comment le changement climatique pouvait contribuer au développement de ces groupes armés. Pour cela, il a mené plusieurs études de cas dans des régions touchées par le changement climatique.

Par exemple, de sévères sécheresses ont provoqué un rétrécissement du lac Tchad, ressource essentielle pour les populations qui vivent autour au Niger, au Nigeria, au Tchad et au Cameroun. Ceci, allié à une croissance de la population, à une surexploitation des sols et de l’eau, et à une pauvreté extrême des populations, a donné « un terreau fertile au développement de groupes (…) tels que Boko Haram », notent les auteurs. Dans la région, le groupe terroriste n’a ainsi pas de mal à recruter. « Les jeunes peuvent se sentir marginalisés et délaissés par l’État, alors que les groupes armés leur offrent une sécurité économique et une possibilité de s’identifier », estime Lukas Rüttinger.

Lire la suite

Source: Reporterre

Partager.

Répondre