Pays dénudés : une prise de conscience pour en finir

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Denis Plante pour Gaïa Presse

Sur la route de Grand'Anse, Haïti. Crédit-photo: Coralie Giese, CDC via Flickr CC-BY-2.0

Sur la route de Grand’Anse, Haïti. Crédit-photo: Coralie Giese, CDC via Flickr CC-BY-2.0

Dans le cadre du Festival Vues d’Afrique, se déroulant récemment à Montréal, deux films programmés dans la section du développement durable ont témoigné d’une volonté citoyenne de mettre fin à des situations dramatiques provoquées par l’ensablement et la déforestation. Les changements climatiques, dans un cas, et l’exploitation démesurée de la forêt, dans l’autre, demeurent les causes d’une vie parfois précaire et incertaine.

Au Mali, des migrations résultant de l’ensablement

Dans la partie nord du Mali, pays africain bordant le Sahara, habite depuis des siècles une communauté ancestrale, les Dogons, ayant fui les campagnes d’islamisation et de christianisation. Regroupés près de la Falaise de Bandiagara et habitant des maisons de pierre, ce petit peuple cultive des lopins de terre et élève du bétail. Leurs traditions animistes, leurs rituels religieux et leur artisanat ont su activer autrefois le tourisme et représenter une source de revenu.

Cependant, les aléas climatiques (aridité extrême et vents violents) précédés par la culture sur brûlis pendant une longue période ont provoqué l’avancée du désert et réduit considérablement les surfaces cultivables et leurs pâturages. Dès lors, plusieurs membres de ce peuple de 250 000 habitants ont migré vers d’autres lieux pour assurer leur subsistance.

Le film Migrants des Dunes d’Érica Pomerance nous montre comment des communes dogons ont relevé le défi de contrer ce fléau. Soutenus par l’organisme Djoliba Environnement, ils se sont engagés dans des travaux de fixation des dunes en recourant à des techniques simples et efficaces. La formation de dunes artificielles se fait par la plantation de fagots (branches) et de palissades rudimentaires qui permettent de ralentir le vent et de fixer le sable. Les résultats de cette action collective sont déjà probants et témoignent de la volonté de cette communauté de poursuivre l’occupation de leur territoire ancestral.

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Voilà le titre d’un film documentaire, portant entre autres le nom ancien du pays, qui vise à rendre compte des défis posés par une déforestation massive au fil d’une centaine d’années. Depuis la révolution d’indépendance de 1804 jusqu’au régime Duvalier (1957-86) en passant par l’occupation américaine (1915-34), l’exploitation démesurée des forêts pour l’exportation, et la coupe de bois pour les besoins énergétiques des paysans et des villes, ont contribué à la modification des écosystèmes et entraîné l’érosion des sols et des glissements de terrains. Il est d’ailleurs saisissant de voir, à quelques centaines de mètres près, l’état de la forêt dominicaine (pays voisin) et de celle d’Haïti.

Ce documentaire, de par sa description historique, veut changer le regard sur cette problématique et mobiliser la société civile dans des efforts de reforestation. Le gouvernement haïtien n’a toutefois ni la volonté politique ni les moyens financiers de soutenir cette relance nécessaire pour son peuple. Pour mener à bien cette campagne de reforestation, on doit donc compter sur l’appui d’organisations internationales qui financent la plantation d’arbres fruitiers et forestiers ainsi que des mesures pour contrer l’érosion des sols. Des citoyens conscients et résolus s’engagent dans ce sens mais sont peu nombreux.

D’autre part, certaines réserves forestières sont l’objet d’efforts de conservation (gardes forestiers) car celles-ci font l’objet d’un écorçage illégal intensif par une population pauvre et en manque de combustible.

Malgré ces initiatives, on doit conclure que ce pays, ayant perdu 98% de ses forêts en un siècle, est largement marqué par la pauvreté qui conduit à un usage quotidien et considérable de cette richesse naturelle. De là le grand défi de la reforestation.

Source : GaïaPresse

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