Mobilité partagée : les initiatives entravées par les barrières réglementaires

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Alors que le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux et municipaux cherchent des moyens de réduire la pollution atmosphérique et la congestion dans les villes, de lutter contre les changements climatiques et de déplacer efficacement les gens, un nouveau rapport d’Équiterre démontre que certaines barrières règlementaires rendent très difficile l’émergence de services de mobilité partagée.

« Des villes comme Montréal, Toronto et Vancouver n’ont pas encore pleinement adopté les services de mobilité partagée comme l’autopartage, le covoiturage, le prêt de voiture, les services de covoiturage commercial et même les services traditionnels comme les taxis », a déclaré Sidney Ribaux, directeur général d’Équiterre, qui présentait hier à Montréal les résultats du rapport à la conférence annuelle de la Carsharing Association. « Dans de nombreux cas, les provinces entravent les efforts des entreprises locales, nationales et internationales dont le but principal est d’offrir des alternatives à l’auto solo et d’assurer un système de transport plus durable ».

Commandé par Équiterre, le rapport a été rédigé par Dunsky Expertise en énergie. Des entrevues ont été réalisées avec des représentants de l’industrie de la mobilité partagée et des délégués des trois grandes villes canadiennes. Ils ont été invités à identifier les barrières au développement de l’industrie de la mobilité partagée et les politiques qui pourraient y remédier.

Le rapport porte sur 5 types de services de mobilité partagée :

  1. Taxis (service traditionnel et nouveaux modèles comme TéoTaxi)
  2. Service commercial de covoiturage (Lyft, Uber, etc.)
  3. Covoiturage
  4. Autopartage avec stationnements dédiés (Zip car, Communauto)
  5. Autopartage d’un point A au point B (Car2go, Auto-mobile)
Selon la plupart des experts, le développement de services d’autopartage est crucial pour assurer le développement de systèmes de transport durable dans les villes. « Quelqu’un qui fait du vélo ou qui se déplace au travail par transport en commun peut avoir besoin d’une voiture pour effectuer d’autres types de déplacement. L’autopartage propose un service complémentaire pour une fin de semaine à l’extérieur, un voyage avec des bagages ou simplement lorsque le transport en commun n’est pas optimal. Lorsque ces services sont insuffisants, les gens finissent par acheter des voitures pour se déplacer », a expliqué M. Ribaux.

Entraves majeures

Le rapport met en lumière les entraves majeures au développement des 5 catégories de services, dont voici quelques exemples :
  • Le coût très élevé pour obtenir une licence de taxi, qui limite d’une part le nombre de voitures et d’autre part le développement d’un service de qualité.
  • Une législation souvent mal adaptée au service commercial de covoiturage en rapide expansion.
  • La législation québécoise limite le prix qu’un conducteur peut facturer à un passager de covoiturage, ce qui peut décourager les intermédiaires à s’investir dans le jumelage de conducteurs et de passagers.
  • Les villes ont des règlements  de stationnement qui restreignent les possibilités de stationnement pour les voitures partagées ou qui rendent très coûteux l’achat des permis de stationnement. Dans certains cas, les entreprises ont décidé de payer systématiquement des amendes de stationnement pour pouvoir opérer dans certaines zones.
  • Le rapport recommande que ces barrières règlementaires soient modifiées et que des politiques fédérales, provinciales et municipales soient développées pour encourager le développement de cette industrie.
Les services de mobilité partagée sont essentiels pour atteindre les objectifs des nombreux gouvernements tels qu’un réseau de transport en commun efficace, le passage aux modes durables de transport, la réduction de la congestion et la réduction des émissions de GES.
Équiterre demande aux trois plus grandes villes du Canada ainsi qu’aux gouvernements provinciaux de revoir de façon urgente leurs politiques afin de soutenir ce secteur émergent et prometteur. Le Québec, par exemple, pourrait intégrer ces recommandations dans sa prochaine stratégie de mobilité durable, dont le développement a été annoncé dans le budget 2017.

Sidney Ribaux présentera le rapport lors de la conférence annuelle de la Carsharing Association qui se tient aujourd’hui, lors d’un panel intitulé « Les villes et le transport public permettent à l’autopartage d’atteindre son plein potentiel » aux côtés de Caroline Cerfontaine de l’UITP, Guillaume Longchamps de la Ville de Montréal et de Tim Barton de la Ville de Vancouver.

Source : Équiterre
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