Scientifiques, ingénieurs et spécialistes en sciences sociales pressent le Canada de transformer ses vastes ressources d’énergie renouvelable en moteur économique. Selon leur rapport intitulé Rebâtir le système énergétique canadien: vers un avenir sobre en carbone, cosigné par 71 chercheurs universitaires provenant des 10 provinces canadiennes, la baisse de la demande de combustibles fossiles au cours des décennies à venir pourrait diminuer considérablement les investissements de l’étranger dans le secteur pétrolier et gazier, qui serait dès lors moins porteur et plus risqué. Actuellement pays producteur de pétrole, le Canada devrait opérer un virage et s’employer à devenir un chef de file en matière d’énergies renouvelables, croient les signataires du rapport, parmi lesquels figurent les professeurs Maya Jegen (science politique), Marc Lucotte (sciences de la Terre et de l’atmosphère) et Christian Messier (sciences biologiques).
«Le Canada possède une quantité exceptionnelle de ressources d’énergie renouvelable. La transition mondiale vers des systèmes énergétiques sobres en carbone constitue une occasion en or de doter le pays d’un formidable moteur économique», estiment les scientifiques, les ingénieurs et les spécialistes en sciences sociales qui ont produit bénévolement le rapport de 60 pages. Mandaté à l’automne 2016 par l’organisme fédéral Ressources naturelles Canada, ce réseau d’universitaires s’est penché sur les mesures à prendre pour assurer la transition du pays vers des énergies à faible teneur en carbone, sans miner sa compétitivité à l’échelle mondiale. Leur rapport rend compte d’un point de vue scientifique indépendant et espère favoriser la prise de décisions fondées sur des données probantes.
Selon ses auteurs, le Canada doit accélérer la transition vers une économie sobre en carbone en réduisant la demande énergétique globale grâce à la maximisation de l’efficacité énergétique et de la conservation de l’énergie, en augmentant l’électrification au moyen de sources d’électricité à faibles émissions de carbone et en remplaçant progressivement les combustibles pétroliers à teneur élevée en carbone par des combustibles à faible teneur en carbone.
La gouvernance
D’emblée, les auteurs présentent la gouvernance comme la pièce maîtresse d’une transition énergétique sobre en carbone réussie, la technologie nécessaire à l’amorce de ce virage étant, insistent-ils, facilement accessible.
Les auteurs du rapport concluent que «les promesses actuelles [en matière de politiques et de mesures de décarbonisation]ne nous permettront pas d’atteindre notre destination – un monde qui aura évité une augmentation de plus de 2 ˚C de la température mondiale». La réussite de cette transition énergétique passera par un meilleur encadrement, un soutien accru et des efforts de mobilisation plus soutenus de la part de tous les paliers de gouvernement. Le Canada a d’autres grandes entreprises à son actif, rappellent-ils, notamment l’adoption d’un système de soins de santé universel et la mise en place de la sécurité sociale. La décarbonisation constitue un projet tout aussi important.
Un atout concurrentiel
L’enthousiasme des entreprises canadiennes à l’égard de la transition sobre en carbone aura une incidence sur leur compétitivité et leur réussite futures, estime le groupe d’universitaires. Dans le secteur privé, les apports financiers contribueront à créer des conditions propices à l’innovation énergétique sobre en carbone. Cela dit, le secteur public devra emboîter le pas au privé en matière d’investissement et montrer clairement la voie à suivre.
Les auteurs croient que l’on peut accélérer la transition en proposant aux citoyens et aux entreprises une gamme intéressante d’options sobres en carbone, de nature à améliorer leur qualité de vie. Il pourrait s’agir, par exemple, d’encourager l’autoproduction d’électricité par la mise en place de tarifs de rachat ou l’adoption de mesures facilitant l’accès aux toits solaires, ou d’offrir des transports en commun rapides, sûrs et confortables.
Les étapes à venir
Le groupe d’universitaires envisage la décarbonisation comme un périple en trois temps : la préparation (2017‑2020), les premiers pas de la mise en œuvre (2020‑2030) et la décarbonisation profonde (2030‑2050).
L’élaboration d’une vision commune de l’avenir et la création d’institutions qui veilleront à la réalisation de la transition sobre en carbone constituent les étapes clés de la phase préparatoire.
Source : Actualités UQAM
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