Défi D.D. 2.0 : Penser le développement durable autrement à l’ère du numérique

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© Provok Photography

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Par Émile Doyon pour Gaïa Presse

Le Défi DD 2.0 : S’informer oui, mais comment?

GaïaPresse lançait le 31 mai dernier le Défi DD 2.0., une réflexion commune sur la manière de traiter l’information liée au développement durable dans l’univers numérique. Cet événement constitue le premier d’une série d’activités qui porteront sur le développement durable quant aux enjeux sociaux et à la sphère économique. L’objectif de cette soirée était de d’évaluer collectivement  les questions associés au développement durable à l’ère du numérique sous divers angles et pistes de solutions. Il s’agissait alors pour les quelque 40 participants d’évaluer les choix, les perceptions et les comportements des utilisateurs de l’univers numérique.

Ces aspects ont été traités de manière microscopique, en analysant les petits gestes de tous les jours des utilisateurs, ainsi que de manière macroscopique, en se penchant sur les tendances actuelles dans les médias sociaux et d’autres sources d’information. Quatre thèmes ont été abordés : la perception de l’information diffusée, la diversité des sources d’information, la pertinence du lien micro-macro en développement durable ainsi que la question des acteurs de changement. Participaient à cette activité des étudiants, des organisations environnementales, des coopératives, des PME ainsi que des plus grands joueurs tels que Cascade, L’Oréal et le Canadien National (CN).

Des sources d’information : accréditations et certifications

Les sources d’information sont très diversifiées, surtout dans cette ère du numérique. Devant cette abondance de sources, l’enjeu principal est d’extraire la bonne de la mauvaise information. Conjointement à la multiplicité des sources, se pose également le problème de la pseudo-science qui vient compliquer le tri de l’information disponible.

Devant ces incertitudes, il n’est pas rare de vouloir se tourner vers un cadre de référence, une manière fiable de juger de la qualité et de la pertinence de l’information transmise. C’est là qu’interviennent les accréditations associées aux sources d’information ainsi que les certifications rattachées aux produits commerciaux. Le but recherché par ces accréditations/certifications est assez louable : produire une certaine forme d’uniformité et de ‘’contrôle de qualité’’ quant à une partie de l’information diffusée, afin que le public puisse effectuer un choix plus éclairé basé sur sa source d’information de prédilection.

Un choix éclairé : une combinaison de l’information disponible

On pourrait donc croire que cette méthode est toute indiquée pour obtenir l’information juste et complète. Cependant, selon le professeur de HEC Montréal, Luciano Barin Cruz, cette affirmation n’est pas fondée. Son exposé fait part que ces accréditations sont loin d’être objectives. Il explique cela par le fait que les critères associés à ces accréditations sont déterminés par des personnalités qui sont partiellement subjectives. Toute personne, et ce, peu importe son niveau d’éducation ou son caractère ‘’d’expert’’ dans un domaine, est sujet à des préconceptions, des perceptions du monde qui nous entoure et qui influencent notre prise de décision.

Cependant, cela ne veut pas dire que les accréditations sont sans valeur. Il faut toutefois être conscient de leur caractère partiellement subjectif et constater leur nature plutôt ‘’top-down’’. Les accréditations environnementales traduisent une certaine vision, une certaine conception de l’environnement d’un groupe d’experts acheminée vers la population. Il serait donc judicieux de ne pas suivre aveuglément ces accréditations/certifications et les considérer pour ce qu’elles sont, des indicateurs de qualité. Or, les indicateurs sont multiples et plus on en considère, plus notre choix devient éclairé. Et d’ajouter M. Barin Cruz « la cohérence, la pleine connaissance se joue dans l’incohérence des choix offerts. Tel est le défi à relever ».

Lors de la présentation des rapports d’ateliers, on relève que les accréditations /certifications ne suffisent donc pas à se forger une opinion judicieuse. Les participants ont cependant identifié deux clés, des moyens permettant de faire des choix conséquents, à savoir l’éducation à la responsabilité sociale et la présence de leaders.

La volonté de responsabiliser et d’informer les citoyens doit, au-delà de l’information factuelle, personnelle et fragmentée, porter ses efforts vers une communication plus analytique, plus substantielle et plus démonstrative. L’univers numérique et ses multiples réseaux demeurent un vecteur incontournable à cet égard.

D’autre part, la présence de leaders peut contribuer à guider et à regrouper un grand nombre de citoyens autour d’enjeux environnementaux. «Un écoleader est un membre d’une communauté qui, suite à une formation et à son expérience, peut influencer et mobiliser positivement les autres membres de sa communauté à faire les bons choix en matière d’environnement.

Cette approche de style ‘’bottum-up’’, en soi, n’est qu’un facteur de sensibilisation et de changement. Selon M. Barin Cruz, il n’y a pas de solution unique et absolue. «Il faut donc envisager un amalgame de plusieurs éléments. Les écoleaders sont une voie à suivre mais la combinaison optimale reste à déterminer afin d’exploiter à fond les ressources de l’univers numérique».

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