Politique énergétique 2030 : les contradictions du gouvernement Couillard

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Le Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ) dénonce la place centrale que les énergies fossiles occupent dans le premier Plan d’action de la Politique énergétique 2030 déposé lundi par le ministre Pierre Arcand.  Cette politique, censée permettre de réaliser la transition énergétique du Québec[1], confirme en fait la volonté du gouvernement Couillard d’encourager la production de pétrole et de gaz au Québec, souvent avec l’aide de fonds publics, même si ses propres études[2] démontrent que ce faisant, le Québec risque de torpiller ses cibles de réduction des gaz à effet de serre (GES). 

Le Plan d’action prévoit également des investissements publics dans le transport, la distribution et la consommation de gaz fossile, puissant contributeur au réchauffement climatique.

« Le gouvernement Couillard insulte une fois de plus l’intelligence de la population du Québec en se plaçant sous le parapluie de la « transition énergétique » pour confirmer l’édiction des règlements de sa Loi sur les hydrocarbures, estime Carole Dupuis, coordonnatrice générale et porte-parole du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec. Avec ce plan, le Québec investit pour sortir des combustibles fossiles et pour s’y enfoncer en même temps. »

De nombreux projets pétroliers en cours

Rappelons qu’en ce moment, Pétrolia envisage l’utilisation de la fracturation hydraulique juste à côté d’un quartier résidentiel de Gaspé ainsi qu’à l’emplacement Bourque, près de Murdochville. Junex a aussi commencé à forer la Gaspésie. Squatex et Petrolympic souhaitent extraire des hydrocarbures à proximité de La Mitis, une splendide rivière à saumons, et sur la ZEC Bas-Saint-Laurent à l’embouchure de la rivière Patapédia, un autre bijou de rivière à saumons. Questerre a les MRC de Lotbinière et Bécancour dans sa mire.

« Philippe Couillard est en train de laisser le Québec se transformer en gruyère pétrolier et gazier, et tente de nous endormir avec sa politique énergétique 2030 », s’offusque madame Dupuis, rappelant que 67 % des Québécois s’objectent à l’utilisation de procédés d’extraction non conventionnels, presque toujours nécessaires pour produire des hydrocarbures au Québec, ainsi qu’à l’injection de fonds publics dans des projets pétroliers et gaziers[3].

Gaz naturel pas si propre

Par ailleurs, l’engouement de l’actuel gouvernement pour le gaz naturel inquiète fortement le RVHQ. « Le Plan parle beaucoup de gaz naturel et d’énergies « propres » ou « plus propres »  – un terme qui englobe visiblement le gaz naturel  – mais très peu d’énergies renouvelables.  Quelle part du financement prévu pour la transition ira aux énergies renouvelables, en fait? », demande Madame Dupuis. Le Plan ne le précise pas mais on sait que jusqu’ici, le gouvernement Couillard a été très enclin à subventionner le gaz naturel, presque entièrement d’origine fossile, y compris au moyen du Fonds vert.

Or, en matière de dérèglement climatique, le gaz naturel ne peut pas être considéré comme une énergie de transition, en raison de ses émissions de CO2 lors de la combustion, qui représentent environ 75 % de celles du pétrole, ainsi que des émissions fugitives de méthane qui accompagnent sa production, son transport et sa distribution. On sait que sur 20 ans, la contribution du méthane au réchauffement planétaire est 84 fois plus élevée que celle du dioxyde de carbone[4]. « À quoi sert de remplacer le pétrole par un autre combustible fossile tout aussi dommageable pour le climat? Pourquoi investir nos fonds publics pour amener le Québec dans une voie sans issue? », s’indigne Carole Dupuis.

Finalement, le RVHQ note que le gouvernement continue à privilégier les hausses de production d’énergie, à des coûts environnementaux qui ne sont jamais négligeables, plutôt qu’une approche novatrice axée sur l’économie d’énergie et la réduction de la surconsommation.  Il remarque notamment  l’absence criante du transport  collectif dans le plan de transition, à l’exception d’un soutien au Réseau électrique métropolitain  (REM) dont il n’a jamais été démontré qu’il diminuerait significativement les émissions de GES.  Le plan fait également fi de mesures indispensables de réduction des émissions des GES comme un malus substantiel pour les véhicules les plus énergivores, une révision du code du bâtiment, une politique de diminution du gaspillage alimentaire ou une lutte à l’obsolescence programmée.

Source : RVHQ

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