Si vous avez eu la chance de profiter du beau temps dans le parc du Mont-Royal ces dernières semaines, vous avez peut-être remarqué des installations inhabituelles dans certains arbres du parc.
Il s’agit d’un nouveau programme expérimental de lutte biologique contre l’agrile du frêne.
Rappelons que l’agrile du frêne est un insecte d’origine asiatique qui s’attaque à toutes les espèces de frênes et mène à la mort des arbres en quelques années. Il s’agit d’une problématique extrêmement importante dans le parc du Mont-Royal puisqu’on estime que les frênes représentent de 25 à 30 % de tous les arbres qu’on y trouve. Pour l’instant, il n’existe pas de traitement permettant d’éradiquer complètement l’insecte d’un territoire.
Cependant, G.D.G. Environnement, en collaboration avec le Centre de foresterie des Laurentides, Ressources naturelles Canada et l’INRS-Institut Armand-Frappier, développe présentement une méthode de lutte qui consiste à contaminer les agriles à l’aide d’un champignon, Beauveria bassiana. Pour ce faire, les agriles doivent passer dans un piège entonnoir à l’intérieur duquel se trouve le champignon. Ce sont justement ces pièges qui sont installés dans les frênes que l’on retrouve dans le parc.
Beauveria bassiana est un champignon utilisé depuis déjà plus d’une décennie par les producteurs en serre, afin d’éliminer certains insectes nuisibles à leurs cultures. Il est présent naturellement dans le sol et la majorité des gens résidant au Québec ont déjà été exposés à ce champignon, sans conséquence. Ce champignon est sans danger pour les humains, les animaux et complètement inoffensif pour les abeilles, qui peuvent parfois même transporter les spores de ce champignon et contribuer à lutter contre d’autres insectes nuisibles. S’il s’avère efficace, ce traitement devra être reconduit annuellement.
Autres projets expérimentaux et traitements des frênes sur le mont Royal
Un autre projet pour contrer les effets de l’agrile du frêne est en cours au Bois Summit à Westmount.
Il consiste à relâcher des ennemis naturels de l’agrile, des guêpes parasitoïdes de l’espèce Tetrastichus planipennisi et de l’espèce Oobius agrili dans certains boisés. Les espèces de parasitoïdes qui sont utilisées sont toutes deux originaires de Chine, de la même région géographique d’où provient l’agrile du frêne. Ce traitement est utilisé depuis 2015 à d’autres endroits à Montréal. Ce projet s’échelonnera sur plusieurs années afin de faire le suivi des populations de parasitoïdes et de valider leur établissement.
De plus, des travaux d’injection des frênes avec le bio-pesticide «TreeAzin», le traitement le plus connu et majoritairement utilisé à Montréal, ont débuté cette semaine dans le parc du Mont-Royal. Il y aura quelques milliers de frênes sélectionnés pour cette opération en milieu forestier.
Les impacts de l’agrile du frêne
Les efforts déployés pour ralentir l’infestation sont indispensables. La disparition des frênes présente une menace à la biodiversité du territoire du mont Royal dans la mesure où elle donnera lieu à des trouées dans le milieu forestier, surtout dans la canopée, soit la strate supérieure de la forêt.
Ces trouées offriraient des espaces pour des espèces colonisatrices, dont plusieurs sont indésirables, avec un meilleur accès à la lumière, ce qui leur permettra de se propager. Afin de contrer les dommages causés par la disparition des frênes et de protéger l’écosystème du mont Royal, il sera essentiel d’effectuer des plantations planifiées et de contrôler la propagation de plantes exotiques envahissantes.
Les amis de la montagne travaillent activement avec son équipe de biologistes à la documentation de l’état de la santé des arbres et des milieux naturels de la montagne et à la mise en réseau des grands propriétaires institutionnels pour développer un plan d’action commun pour préserver la canopée du milieu forestier du mont Royal.
Source : Les amis de la montagne