Le Conseil des Atikamekw d’Opitciwan dénonce les coupes forestières menées depuis quelques jours au cœur de son territoire ancestral par la compagnie Rémabec sans que la communauté n’ait été consultée.
« La compagnie Rémabec débarque sur notre territoire et, avec la complicité du gouvernement, vient détruire notre environnement comme si on n’existait pas. C’est inacceptable ! », a déclaré le Chef Christian Awashish.
Le Conseil d’Opitciwan n’a été prévenu de ces opérations qu’à la fin juin, par le biais d’une lettre du ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs, qui l’informait qu’une « opération spéciale de récupération de bois » aurait lieu sur le territoire de l’unité de gestion Windigo-et-Gouin, une zone particulièrement sensible du territoire atikamekw. Déjà affectée par de nombreuses années d’exploitation forestière, une portion de cette zone était restée intacte depuis plus de 10 ans, conservant ainsi une portion de la forêt à la famille Weizineau, qui y pratique les activités traditionnelles.
Opérations malgré l’opposition
Le Conseil d’Opitciwan n’a pas été consulté et n’a ainsi jamais donné son consentement à ces opérations. De plus, ces coupes exceptionnelles ont été autorisées par Québec, et ce, même si la famille qui occupe ce territoire avait déjà signifié son refus lors de récentes activités d’harmonisation. Puisqu’elle occupe ce territoire depuis des temps immémoriaux, de manière continue et exclusive, la famille Weizineau y possède des droits ancestraux, dont un titre, qui sont bafoués par ces coupes.
Après avoir été avisées par le Conseil, les autorités gouvernementales ont promis l’arrêt des opérations. Celles-ci ont toutefois continué, causant des dommages significatifs et irréversibles sur l’environnement et les droits des Atikamekw. En fin de journée lundi, le Conseil a reçu une lettre du ministère soutenant que des démarches avaient été entreprises auprès de la compagnie Remabec « afin que les opérations de récolte puissent être limitées à des secteurs moins problématiques ».
La lettre ne reconnaît toutefois pas l’obligation du gouvernement de consulter et d’accommoder la communauté avant d’autoriser toute activité forestière sur le territoire. Le ministère insiste même sur l’urgence de récolter ce bois pour éviter qu’il soit « impropre à la transformation », un prétexte que rejette le Chef Awashish. « La protection de nos activités traditionnelles et ancestrales par la protection de la forêt et de l’habitat faunique passe bien avant les intérêts de l’industrie forestière », a-t-il réagi.
La lettre ne rassure en rien la communauté quant aux activités de la compagnie forestière, dont la bonne foi peut être questionnée à la lumière de l’ampleur des coupes effectuées en plein cœur du territoire atikamekw, et ce, malgré qu’elle ait eu connaissance de la position du Conseil.
Considérant les impacts importants que la récolte pourrait avoir sur les droits des Atikamekw et plus particulièrement sur ceux de la famille Weizineau, incluant l’aménagement de chemins d’accès menant à la ressource convoitée, le Conseil d’Opitciwan tient à clairement exprimer son appui envers la famille Weizineau et, conséquemment, à s’opposer catégoriquement à toute opération spéciale de récupération de bois sur ce territoire. À cette fin, le Conseil analyse actuellement tous les moyens possibles afin de protéger le territoire et les droits de ses membres.
« Nous exigeons que les droits des Atikamekw soient respectés et que les opérations de Rémabec cessent immédiatement », a sommé le Chef Awashish.
Source : Conseil des Atikamekw d’Opitciwan