« Le temps du charbon est dépassé »

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Crédits: REUTERS / Chris Wattie

La ministre de l’environnement et du changement climatique canadienne, Catherine McKenna, s’exprime à la veille de la Conférence internationale sur le climat. Le Canada est à l’origine d’un « vaste mouvement en faveur de l’élimination de la production d’électricité à l’aide de charbon », explique Catherine McKenna qui veut opérer une « transition de façon intelligente ».

Allez-vous promouvoir, au sommet de Paris, la campagne anticharbon que vous avez lancée avec le Royaume-Uni, comme lors de la COP23 ?

Catherine McKenna. Assurément. Cette initiative baptisée « Energiser au-delà du charbon » a reçu un accueil très favorable et nous annoncerons à Paris la participation de nouveaux pays, mais aussi des Etats fédérés – notamment américains –, des villes et des entreprises. C’est le début d’un vaste mouvement en faveur de l’élimination de la production d’électricité à l’aide de charbon. Il s’agit d’une mesure très pratique pour lutter conte la pollution et atteindre la cible de l’accord de Paris.

Au Canada, 13 % de l’électricité est encore produite par des centrales au charbon. Vous avez promis de les éliminer d’ici à 2030. Pourquoi ne pas aller plus vite ?

Nous sommes convaincus que le temps du charbon est dépassé mais, au Canada comme ailleurs, il faut opérer la transition de façon intelligente. Aujourd’hui 80 % de notre énergie est propre mais il reste des centrales au charbon dans quatre provinces : l’Alberta, la Saskatchewan, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Ecosse. Notre gouvernement travaille d’arrache-pied avec elles, avec les entreprises et les communautés touchées pour trouver des solutions viables économiquement et de se convertir à des énergies propres. 2030 est notre date limite, mais si nous pouvons fermer des centrales plus tôt, nous le ferons.

Que signifie cette transition « juste » éliminant le charbon à l’échelle mondiale que vous prônez ?

Au plan international, il faut aider financièrement les pays en voie de développement à accomplir cette transition coûteuse vers des énergies propres. La conférence de Paris sera l’occasion de pousser l’idée d’une telle aide

Exactement ce que nous faisons au Canada : travailler en concertation avec tous les acteurs concernés localement et au niveau provincial, avec les villes, entreprises et salariés touchés par le changement à venir, afin d’identifier des voies qui permettraient de compenser les pertes en termes d’emplois et de croissance.

Au plan international, il faut aider financièrement les pays en voie de développement à accomplir cette transition coûteuse vers des énergies propres. La conférence de Paris sera l’occasion de pousser l’idée d’une telle aide. Nous sommes déjà au travail avec la Banque mondiale pour mettre au point un plan à ce sujet et le secteur privé devrait aussi jouer son rôle.

Après l’annonce du retrait de Donald Trump de l’accord de Paris, comment voyez-vous l’avenir des négociations climatiques ?

Il n’y a pas un gouvernement, pas une administration aussi puissante soit elle, qui puisse arrêter le progrès. Et ce progrès passe par un monde plus propre qui ouvre sur de nouvelles opportunités économiques. Plusieurs Etats américains, comme la Californie, l’ont bien compris et travaillent avec acharnement dans ce sens.

Primordial pour nous, l’accord de Paris a lancé un signal très fort au monde entier, acteurs du marché compris. Aujourd’hui, le Canada est très impliqué dans l’élaboration des règlements qui doivent être mis en application l’an prochain et il fait notamment la promotion de mesures comme l’élimination du charbon.

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Source: Le Monde. Auteur: Anne Pélouas

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