La crise des inégalités sociales s’aggrave et s’accélère, dénonce l’organisme Oxfam dans un nouveau rapport. Le verdict du document, publié alors que s’amorcera bientôt l’édition 2018 du Forum économique mondial à Davos, en Suisse, est sans appel : il est urgent de repenser la distribution des richesses de la planète.
« Va-t-on toujours donner plus aux plus fortunés, qui possèdent déjà pratiquement tout? » Cette question rhétorique lancée par Aurore Chardonnet, porte-parole d’Oxfam, témoigne d’un sentiment d’urgence grandissant face à l’état des inégalités sociales à l’échelle mondiale, tandis que les grands décideurs de la planète se retrouvent en Suisse pour y aborder les grands enjeux touchant l’économie, la politique et l’environnement.
L’organisation n’en est après tout pas à son premier appel à repenser les structures fiscales et le capitalisme pour réduire les inégalités. Cette fois encore, le constat se fait plus troublant et l’appel à l’action, plus urgent.
Dans son rapport intitulé Partager la richesse avec celles et ceux qui la créent, Oxfam révèle ainsi que l’an dernier, 82 % de la croissance des richesses enregistrée l’an dernier a été placé à l’abri dans les comptes bancaires du 1 %, les gens les plus fortunés du globe.
Pour cette élite économique, il s’agit d’une croissance des avoirs financiers de l’ordre de 762 milliards de dollars, « soit plus de sept fois le montant qui permettrait de mettre fin à la pauvreté extrême dans le monde », précise Oxfam.
Ces ultra-privilégiés, ce sont un peu plus de 2000 milliardaires, un club composé à 90 % d’hommes, et qui a accueilli deux membres supplémentaires par jour lors de l’exercice financier qui a pris fin en mars 2017.
De son côté, le Crédit Suisse révèle qu’un groupe encore plus sélect, formé d’à peine 42 personnes, détient à lui seul autant que la moitié la plus pauvre de la population terrestre, soit 3,7 milliards de personnes.
Exemple frappant de la disparité de revenus entre le haut et le bas de l’échelle au sein d’une entreprise, le rapport d’Oxfam souligne qu’un patron du secteur de la mode ne met habituellement que quatre jours à gagner le salaire à vie d’une ouvrière d’une filature du Bangladesh, l’un des grands centres de production de vêtements du globe.
Tout cela, bien entendu, sans oublier que les femmes sont habituellement moins bien payées que les hommes, et ce même au bas de l’échelle.
Quelles solutions?
Il n’existe pas de méthodes miraculeuses pour régler la myriade de problèmes liés de près ou de loin aux inégalités entre les plus riches et les plus pauvres.
Chaque pays aura besoin d’une solution adaptée à sa situation, « qu’il s’agisse d’un pays développé ou en développement », mentionne Aurore Chardonnet, en entrevue à RDI.
Oxfam propose néanmoins, dans son rapport, quelques pistes d’action visant à rééquilibrer la société pour en finir avec les inégalités extrêmes qui y prévalent actuellement. Fin des paradis fiscaux; démantèlement des monopoles; action des gouvernements contre les « salaires de misère », l’esclavage et le travail précaire et dangereux; etc.
La feuille de route est chargée et l’organisme reconnaît qu’une coopération mondiale bien plus poussée qu’à l’heure actuelle est nécessaire, un objectif qui sera lui-même « très difficile à réaliser ».
Car les États sont souvent eux aussi à blâmer en matière d’inégalités économiques et sociales. Exacerber les extrêmes tend à saper les fondations de la démocratie, piétinant au passage les libertés individuelles et le droit à la libre-expression au profit d’une clique formée de gens de l’élite travaillant main dans la main avec les décideurs politiques, soutient Oxfam.
Lire la suite
Source: Radio Canada. Auteur: Hugo Prévost