Santé Canada a annoncé mercredi avoir l’intention d’interdire deux types de pesticides, le clothianidine et le thiaméthoxame, qui sont nocifs pour les insectes aquatiques, qui sont une importante source de nourriture pour les poissons, les oiseaux et d’autres animaux.
Les néonicotinoïdes ont souvent fait les manchettes au sujet de leur impact sur les abeilles, mais la consultation lancée par le gouvernement fédéral n’en fait aucune mention. Le projet visant à éliminer ces pesticides d’ici trois à cinq ans s’attardera essentiellement aux «utilisations extérieures de la clothianidine sur les cultures agricoles et le gazon ainsi que les utilisations extérieures du thiaméthoxame sur les cultures agricoles et les plantes ornementales».
Inacceptable d’attendre encore trois à cinq ans
Bien que la nouvelle soit favorablement accueillie, les groupes environnementaux Équiterre, Environmental Defence et la Fondation Suzuki trouvent inacceptable le délai d’attente de trois à cinq ans, alors que comme ils l’affirment « l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) rattachée à Santé Canada a proposé de mettre fin à toutes les utilisations extérieures de la clothianidine et du thiaméthoxame. »
« Il n’est pas cohérent que l’ARLA décide de maintenir l’autorisation d’utiliser ces pesticides pendant encore plusieurs années alors que l’évaluation scientifique qu’elle a elle-même menée conclut que les risques sont inacceptables et menacent les écosystèmes ». – Muhannad Malas, Environmental Defence
Un successeur au néonics
Face à la multiplication des études scientifiques qui exposent la nocivité des néonicotinoïdes sur le système nerveux des insectes, plusieurs pays ont revu leur politique. La demande a donc commencé à émerger pour des produits alternatifs. Les insecticides à base de sulfoximine sont les successeurs les plus probables et sont en passe d’être homologués sur de nombreux marchés à travers le monde. L’étude publiée dans la revue Nature suggère que les bourdons exposés au sulfoxaflor voient leur succès reproductif considérablement réduit.
Les auteurs de l’étude affirment que « pour éviter des situations dans lesquelles des pesticides comme les néonicotinoïdes sont remplacés par des produits également controversés », les autorités responsables d’autoriser ces produits « devraient évoluer vers une approche basée sur les preuves qui évalue à la fois les impacts létaux et non létaux d’un nouvel insecticide comme le sulfoxaflor sur les organismes qu’il ne vise pas ».
Les apiculteurs et les organisations environnementales demeurent inquiets face à cette avancée timide du gouvernement canadien a l’égard des pesticides reconnus dangereux et s’inquiètent du possible remplacement des néonicotinoïdes par ce qu’ils appellent parfois «néonicotinoïdes de nouvelle génération», comme le sulfoxaflor, tout aussi dangereux.
Source : Santé Canada, AFP, Nature